Alors que la région de Tillabéri, dans l’ouest du Niger, est en proie à une recrudescence d’attaques meurtrières, l’ONG Human Rights Watch (HRW) appelle les autorités nigériennes à renforcer la protection des populations civiles, de plus en plus ciblées par les jihadistes affiliés à l’État islamique au Sahel (EIS).
Dans un rapport publié mercredi, l’organisation de défense des droits humains affirme que plus de 127 civils ont été exécutés sommairement depuis mars par des combattants de l’EIS lors de cinq attaques documentées. L’une des plus sanglantes a eu lieu le 21 juin dernier dans le village de Manda : plus de 70 fidèles ont été tués à l’intérieur d’une mosquée, mitraillés en pleine prière.
« Il y avait des corps partout, les uns sur les autres », témoigne une habitante de 77 ans auprès de HRW, affirmant avoir perdu trois de ses fils dans ce massacre. D’autres récits évoquent des victimes, y compris des enfants, criblées de balles.
Ces attaques, non revendiquées à ce jour, ont cependant été attribuées par des témoins aux jihadistes de l’EIS, reconnaissables, selon eux, à leurs turbans ornés de bandes rouges. Les assaillants auraient, à plusieurs reprises, lancé des menaces contre les communautés visées, les accusant de collusion avec l’armée nigérienne.
Malgré ces avertissements, l’intervention des forces armées est jugée largement insuffisante. « L’armée n’a pas répondu de façon adaptée aux alertes, ignorant les appels à l’aide des villageois », déplore HRW. « Malgré les alertes répétées, elle échoue continuellement à assurer leur protection ».
Le Niger, dirigé par le général Abdourahamane Tiani, est confronté sur plusieurs fronts à la violence jihadiste : à l’est, avec Boko Haram dans la région du lac Tchad, et à l’ouest, avec des groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, notamment dans la région de Tillabéri, frontalière du Mali et du Burkina Faso.
