Les violentes émeutes qui se sont produites dimanche dans les camps contrôlés par le Polisario près de Tindouf, en Algérie, confirment que la fronde contre le Front indépendantiste qui dure depuis des mois, est montée d’un cran.
Les choses ont commencé par une manifestation de plusieurs centaines de sahraouis en colère qui s’étaient massés devant le bâtiment du Polisario dans l’un des camps de Tindouf. Ils protestaient contre l’emprisonnement d’un jeune, qui a défié les ordres du gouverneur local en ouvrant une boutique de petit commerce pour échapper au désoeuvrement. La manifestation a dégénéré lorsque des protestataires très remontés contre le responsable du Polisario, ont mis le feu au bâtiment. L’intervention des miliciens du Polisario a été rapide et implacable, selon des sources présentes sur place qui ont pu être contactées au téléphone. Les accrochages entre les civils sahraouis et les milices du Polisario ont fait plusieurs blessés, dont le responsable local du Polisario, ainsi que d’importants dégâts matériels. De nombreux jeunes sahraouis ont également été arrêtés.
L’isolement quasi-total imposé par le Polisario et les services de renseignements militaires algériens sur les camps de Tindouf, empêche les ONG et les médias internationaux de connaître la réalité de ce qui s’y passe, affirment les mêmes sources. La liberté d’expression est formellement interdite et tout déplacement à l’extérieur des campements est strictement contrôlé par une double barrière de sécurité, formée par les milices du Polisario et ensuite par les éléments du DRS algérien.
Cette nouvelle effervescence dans les camps de Tindouf est la dernière d’une série de mouvements de colère qui se manifestent depuis des mois contre le Polisario. Le front en lutte pour l’indépendance du Sahara occidental avec le soutien de l’Algérie, est de plus en plus contesté par les sahraouis des camps de Tindouf. Les jeunes en particulier, sont révoltés par l’attentisme et le blocage du processus politique conduit par l’ONU. De nombreux jeunes rendent les dirigeants du Polisario responsables de l’impasse, les accusant d’être inféodés à Alger qui s’oppose énergiquement au projet marocain d’autonomie au Sahara occidental.