Quelques jours après le limogeage par le président tchadien Idriss Déby Itno de son propre frère de son poste de directeur général des douanes, poste qu’il occupait depuis 2008, les rumeurs courent sur les raisons de cette disgrâce.
Si sa direction des douanes est, avec une certaine légitimité, remise en cause, certaines accusent le président tchadien de se servir de ce limogeage comme d’une opération de communication à l’approche des élections de 2016.
C’est avec un certain soulagement que les Tchadiens ont accueilli le décret présidentiel qui met fin aux fonctions de Directeur Général des Douanes de Salaye Déby. Ce dernier était depuis longtemps soupçonné « de s’être considérablement enrichi à la direction des douanes ». Ses pratiques à ce poste lui ont valu l’opposition des douaniers, des opérateurs économiques, de la société civile et même des partenaires du Tchad.
Selon le procureur de la République, son limogeage est intervenu à la suite d’une plainte déposée vendredi par le secrétaire général du gouvernement au nom de l’Etat, qui accuse Salaye Déby d’enrichissement illicite et de détournement de deniers publics. De plus, début octobre, le directeur de publication du média d’information indépendant Haut Parleur Stéphane Mbaïrabé Ouaye avait été interpelé et molesté après avoir écrit un article critique à l’encontre du frère cadet du président. Les autorités avaient été soupçonnées par Reporters Sans Frontières, qui révélait cette affaire, de protéger Salaye Déby. Le décret présidentiel le démettant de ses fonctions a été publié samedi dernier et dans la foulée, Salaye Déby a été mis aux arrêts à la police judiciaire.
Si le limogeage de Salaye Déby semble répondre à une certaine logique, son timing par contre suscite des interrogations. Le secrétaire général de la CTDDH (Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme) Mahamat Nour Ibedou voit dans cette décision du président un lien avec le calendrier électoral. Son frère étant un personnage controversé, Idriss Déby devait donner des gages aux Tchadiens à l’approche des élections de 2016.