Simple coïncidence de calendrier ou bien un événement mûrement réfléchi et bien programmé ? En tout cas, la décoration par le ministre espagnol de l’Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, des victimes des actions terroristes du Polisario, vendredi 6 novembre à Las Palmas, intervient le jour même où le Maroc célébrait le 40ème anniversaire de la Marche verte qui, en novembre 1975, avait mis fin à la présence espagnole au Sahara occidental.
Regroupées au sein de l’ACAVITE (Association canarienne des victimes du terrorisme), les victimes du actions terroristes du Polisario ou leurs familles ont été décorées par le ministre espagnol, au siège de la délégation du gouvernement des Iles Canaries. De son côté, Maria del Carmen, la déléguée du gouvernement canarien, a transmis aux victimes « la solidarité et le soutien de l’Etat espagnol ».
En fait, les autorités espagnoles réagissaient à une longue lutte de l’ACAVITE, présidée par Lucia Jimenez, la fille d’un espagnol qui a été assassiné par le Polisario au Sahara occidental. C’était chose courante dans les années 70 et 80. Les combattants du Polisario, le mouvement soutenu par l’Algérie qui lutte contre le Maroc pour l’indépendance du Sahara occidental, s’attaquaient fréquemment aux pêcheurs espagnols.
Plusieurs dizaines de marins espagnols ont été tués ou enlevés dans les eaux de l’Atlantique situées entre les Iles Canaries et les côtes du Sahara occidental. Toutefois, en 1985, les autorités espagnoles ont réagi violemment à l’attaque, par des combattants du Polisario, du bateau de pêche «Junquito», qui avait fait un mort et cinq marins enlevés. Ahmed Boukhari, le représentant du Polisario en Espagne à l’époque, est expulsé sans ménagement.
Mais, les victimes continuaient de souffrir de « l’oubli et de l’ostracisme », regrettait Lucia Jimenez qui avait pris l’initiative, avec d’autres victimes, de créer l’ACAVITE en 2006. Son combat et celui de ses amis n’a pas été vain, puisque avec cette reconnaissance de la part du gouvernement espagnol, ils ont reçu la promesse que les autorités espagnoles n’allaient « pas les oublier ».