Alors que les groupes alliés à l’organisation terroriste de l’Etat Islamique (EI) en Libye ne cessent de monter en puissance, faisant planer le risque d’une intervention occidentale, l’Algérie voisine a vivement rejeté toute « aventure militaire » qui risque de précipiter la région dans le chaos.
Réagissant jeudi aux bruits de bottes qui se font entendre en Libye, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a été catégorique : « les aventures militaires n’ont aucune chance d’aboutir au règlement de ce problème ni dans l’immédiat ni à long terme ». Pour lui, « toute autre intervention militaire en Libye engendrera davantage de destruction et de pertes humaines », a-t-il ajouté en allusion à l’intervention des forces occidentales en Libye, relayées par l’OTAN, et qui a abouti à la chute du régime de Kadhafi en 2011, précipitant le pays dans le chaos politique et sécuritaire actuel.
Le rôle de la communauté internationale en Libye est « d’aboutir à un règlement pacifique et consensuel à commencer par la formation d’un gouvernement d’entente nationale qui tarde à venir », a précisé Lamamra. Le ministre faisait référence au gouvernement du premier ministre libyen désigné Fayez Al Sarraj. Cet exécutif a été formé en février dernier au terme de l’accord de Skhirat, qui a été négocié au Maroc sous les auspices de l’ONU, mais sur lequel les protagonistes de la crise libyenne n’arrivent toujours par à s’entendre.
Les déclarations du chef de la diplomatie algérienne interviennent à la suite du raid aérien américain du 19 février contre un camp d’entraînement de l’EI en Libye. L’attaque contre ce camp près de la frontière avec la Tunisie, avait fait une cinquantaine de morts parmi les jihadistes.
Cette frappe aérienne américaine a été suivie par des informations faisant état de la présence de forces spéciales et de membres des services de renseignement occidentaux sur le territoire libyen. Des annonces qui ont d’autant plus alarmé l’Algérie que celle-ci dispose de longues frontières désertiques avec la Libye, et donc difficilement contrôlables.