L’attaque à la roquette menée vendredi par des jihadistes contre un site gazier dans le sud de l’Algérie vient rappeler que l’Algérie reste dans le collimateur des groupes terroristes, surtout que le douloureux souvenir de la prise d’otages d’In Amenas, qui a fait des dizaines de morts il y a un peu plus de trois ans, est encore présent dans les esprits.
L’attaque du site gazier de Krechba (1300 km au sud d’Alger), même si elle n’a pas fait de victimes, n’est pas anodine. Le site est en effet exploité par le britannique BP et le norvégien Statoil, conjointement avec le groupe algérien Sonatrach.
Visiblement, la cible principale des jihadistes est la présence d’étrangers. Les groupes terroristes ne rechigneraient pas à rééditer la sanglante prise d’otages d’In Amenas de janvier 2013. L’attaque des combattants liés à Al-Qaïda avait alors fait officiellement 69 morts, pour la plupart des employés de compagnies pétrolières de diverses nationalités.
Depuis cette sanglante attaque, les chefs de l’armée algérienne sont devenus plus prévoyants. Tous les sites de production sont étroitement surveillés. C’est le cas du site gazier de Krechba, protégé par une clôture et placé sous la surveillance de militaires. D’ailleurs, l’armée est intervenue aussitôt l’alerte donnée, ce qui a apparemment rassuré le personnel étranger travaillant sur place, même si la production a été suspendue.
Mais si l’attaque à la roquette de vendredi peut être considérée comme un simple test de la part des jihadistes, elle comporte toutefois un message assez inquiétant. Un avertissement selon lequel la menace jihadiste est désormais double pour l’Algérie.
Le pays est quasiment pris en tenaille entre la Libye à l’Est et le Mali au Sud. Les deux pays sont devenus les bastions de groupes armés liés, soit à l’organisation terroriste de l’Etat islamique (EI) comme c’est le cas en Libye, soit aux mouvements jihadistes et séparatistes du Nord Mali. Le défi est d’autant plus grand pour le pouvoir en Algérie que les milliers de kilomètres de frontières avec la Libye et le Mali sont quasiment désertiques et difficilement contrôlables.