Nigeria : A Damasak Boko Haram a commis un rapt plus massif que celui de Chibok

Le rapt de 276 écolières de Chibok par le groupe terroriste Boko Haram avait fait le tour du monde, mais un enlèvement encore plus massif de quelque 500 femmes et enfants vient d’être révélé par des habitants Damasak, ville du nord-est du Nigeria, qui accusent le gouvernement d’avoir soigneusement passé sous silence ce drame.

L’enlèvement de Damasak s’est produit le 24 novembre 2014, soit quelques mois après celui des lycéennes de Chibok qui, lui, a été largement médiatisé en avril de la même année. L’ancien président Jonathan Goodluck, déjà accablé par l’enlèvement des lycéennes de Chibok, avait démenti en mars 2015, le rapt de Damasak.

Mais des habitants et des responsables locaux ont décidé de parler, après des mois de silence imposé par la peur de représailles. Un habitant de la ville endeuillée raconte que les jihadistes de Boko Haram « sont allés dans les écoles privées et les écoles coraniques et ils ont enlevé même des enfants de cinq ans ».

Un rapport publié mardi par Human Rights Watch confirme ce rapt de masse. « Trois cents enfants sont portés disparus depuis plus d’un an et le gouvernement nigérian n’a toujours pas réagi », s’indigne l’ONG.

La ville de Damasak avait été libérée des griffes des islamistes armés en mars 2015 par les militaires tchadiens et nigériens faisant partie de la force régionale anti-Boko Haram. Ils avaient alors découvert une fosse commune avec une centaine de corps, dont certains étaient décapités.

Le secret du rapt massif de Damasak a été  soigneusement gardé par le gouvernement du président Muhammadu Buhari, qui a succédé à Jonathan Goodluck en mai 2015. Buhari avait  pourtant fait de la défaite de Boko Haram en quelques mois sa promesse de campagne.

Une promesse qui a été tournée en dérision par les hordes de Boko Haram, dont les exactions contre les civils se poursuivent à un rythme démentiel. Plus de 17 000 personnes ont été tuées au Nigeria en l’espace de six mois par Boko Haram, alors que de 2 millions ont été poussées à quitter leurs foyers pour trouver refuge dans des zones plus sûres.