Mauritanie: l’opposition sceptique sur l’intention du président de supprimer le Sénat

Le président Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a annoncé la prochaine tenue d’un référendum pour supprimer le Sénat, une décision que l’opposition voit comme une manœuvre de diversion alors que le dialogue avec le chef de l’Etat est au point mort depuis 2008.

En dépit de ce blocage, le président Ould Abdelaziz tient à associer ses opposants politiques à la décision de suppression de la Chambre haute du Parlement, constituée de 58 membres dont la plupart appartient à la majorité présidentielle.

«Nous allons convier toute la classe politique pour un dialogue autour de cette question qui sera par la suite soumise à un référendum constitutionnel», a déclaré le chef d’Etat mauritanien lors d’un déplacement le 3 mai à Néma, ville du sud-est du pays.

Le Sénat allonge les procédures et alourdit le « processus d’adoption des lois », estime le président mauritanien, qui préfère remplacer la deuxième chambre par des « conseils régionaux ». Ces derniers devraient être formés de membres élus issus des régions afin d’y mener un travail de proximité plus efficace pour le développement économique et social aux nivaux régional et local.

Même s’il n’a pas avancé de date pour le référendum constitutionnel, le président Ould Abdelaziz a donné à la classe politique «trois à quatre semaines» pour décider de leur participation à un débat national.

Mais plusieurs voix de l’opposition voient dans cette nouvelle initiative du président une tentative de contourner la question d’un troisième mandat présidentiel. Au cours des dernières semaines, des membres du gouvernement ont plaidé en faveur d’un mandat supplémentaire pour Ould Abdelaziz, au pouvoir depuis 2008, mais qui effectue son dernier mandat au terme de la Constitution.

Le FNDU, (Forum National pour la Démocratie et l’Unité), un collectif de l’opposition composé de partis politiques, de syndicats et d’organisations de la société civile, a appelé à la mobilisation pour « étouffer la volonté de tripatouillage et d’agression » contre la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats du président de la République.