Les opérations de secours se poursuivaient mercredi dans le cadre du plan médical d’urgence mis en place par le gouvernement nigérian afin de venir en aide aux réfugiés du camp qui a été bombardé par erreur la veille par l’armée régulière, faisant des dizaines de victimes.
Selon le dernier bilan provisoire publié par les autorités sanitaires, ce bombardement accidentel aurait fait au moins 52 morts et plus de 120 blessés. Les victimes sont majoritairement des personnes ayant fui les atrocités de Boko Haram.
D’après les premières informations concernant cette bavure de l’armée nigériane, les frappes aériennes ont eu lieu mardi matin à Rann, dans le nord de l’Etat de Borno. Les agences humanitaires distribuaient à ce moment-là de la nourriture aux déplacés, forcés de fuir les violences du groupe islamiste armé.
Dans ce camps, où près de 43 000 déplacés vivent en permanence, le manque de nourriture chronique et la difficulté d’y accéder par voie terrestre en ont fait un des campements les plus inhospitaliers du nord-est du Nigeria. Ainsi donc, certains observateurs estiment que ce bombardement n’est peut-être pas une erreur militaire.
En effet, la taille du campement, couplée au fait que les bâches des tentes des agences humanitaires sont facilement repérables à leurs couleurs, laisse penser que les avions qui ont bombardé le camp mardi savaient peut-être ce qu’ils faisaient.
Certains réfugiés présents sur place au moment du bombardement pensent que le but de cette manœuvre militaire était simplement d’exterminer une partie des réfugiés. Par conséquent, l’extermination d’une partie des réfugiés allait envoyer un message clair aux populations fuyant les atrocités de Boko Haram et qui chercheraient à atteindre le camp de Rann.
Ce n’est pas la première fois que ce genre de bavure est commis dans la terrible guerre contre Boko Haram. En mars 2014, le village de Kayamla, dans l’État du Borno, avait été bombardé par erreur par un avion militaire, tuant cinq civils.