Le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chengriha vient de conclure, avec la libération du général Toufik, l’Acte 2 du plein retour de l’armée et des renseignements militaires au cœur du pouvoir en Algérie, après avoir été passagèrement bousculés par le président déchu, Abdelaziz Bouteflika.
La libération du général Toufik, ancien puissant chef du DRS à l’issue d’un procès éclair qui a purement et simplement annulé sa condamnation à 15 ans de prison en compagnie de Saïd Bouteflika, de Bachir Tartag, l’autre ex-patron des renseignements militaires, et de Louisa Hanoune, s’inscrit dans un scénario bien ficelé par le général Chengriha.
L’Acte 1 de ce jeu d’influence avait été ouvert par la réunion du général Chengriha avec le président Abdelmadjid Tebboune, aussitôt après le retour de ce dernier d’Allemagne, où il s’est fait soigner pendant deux mois.
Le général avait tenu à ce que ce soit la première activité officielle du chef de l’État et qu’elle soit diffusée à la télévision publique. Résultat immédiat, la réunion entre les deux hommes prenait l’allure de scène d’allégeance du président au chef d’état-major et non l’inverse.
Une fois le décor planté, le président Tebboune est apparu comme un exécutant, d’autant que son fragile état de santé et son manque de légitimité politique ne lui permettent pas d’engager un bras de fer avec le chef d’état-major comme a pu le faire avec les militaires, pendant un certain temps, son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika.
En délimitant ainsi le champ d’action du président Tebboune et, surtout, en réhabilitant un ancien haut gradé de la trempe du général Toufik, le chef d’état-major envoie un message à l’armée et aux généraux, mais aussi à la classe politique, que la junte militaire bénéficie désormais de l’immunité et d’une protection inconditionnelle contre toute poursuite judiciaire.