Au moment où les troupes françaises et africaines sont aux prises avec une guérilla inattendue des jihadistes à Gao, des indiscrétions filtrent sur la responsabilité de Paris et d’autres capitales occidentales dans le versement de rançons aux groupes armés basés au Sahel, en échange de la libération d’otages.
D’après Vicki J. Huddleston, ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Mali, plusieurs Etats européens, dont la France, auraient versé des rançons aux groupes islamistes armés. « La France, comme d’autres pays européens, a versé des millions de dollars pour la libération d’otages au Sahel ». Des propos choc tenus par Mme Huddleston, l’ambassadrice en poste à Bamako entre 2002 et 2005. Et de renchérir, « la rumeur dit que les Français ont payé une rançon importante, peut-être jusqu’à 17 millions de dollars pour des otages enlevés dans une mine d’uranium au Niger en 2010 ». Ces déclarations contrastent avec l’image d’une France qui s’investit amplement dans la lutte contre les groupes islamistes armés et les rebelles du nord du Mali. Surtout que Paris a déjà été pointé du doigt pour des faits similaires : dans un livre intitulé « Aqmi, l’industrie de l’enlèvement », le journaliste Serge Daniel a mentionné avec précision le montant des rançons versées par la France. Ainsi, 2 entreprises françaises auraient décaissé 13 millions d’euros (16,25 millions de dollars) pour la libération d’otages français. En outre, cet ouvrage paru il y a un an, donne des détails sur les versements que d’autres Etats auraient effectués à cette même fin : il s’agit de l’Espagne (9 millions d’euros), du Canada (3 à 5 millions d’euros) et de l’Autriche (3 millions d’euros).
A cette liste pourrait s’ajouter l’Allemagne. Pour cause, Mme Huddleston a évoqué une rumeur selon laquelle Berlin aurait déboursé, au début des années 2000, quelque 5 millions de dollars pour faire relâcher ses ressortissants.