Botswana : L’UDC crée l’événement et met fin à six décennies de domination du BDP

Le 30 octobre dernier, la politique botswanaise a connu un bouleversement majeur avec la victoire inattendue de la Coalition pour le changement démocratique (UDC), marquant ainsi la fin de six décennies de domination absolue du Parti démocratique du Botswana (BDP). Ce résultat a permis au leader de l’UDC, Duma Boko, de concrétiser son rêve de devenir le prochain Président du pays.

Pour la première fois depuis l’indépendance du Botswana en 1966, les partis d’opposition ont remporté la majorité des sièges au Parlement, une avancée historique pour le pays. Dès l’annonce des résultats partiels, qui ont placé l’UDC en tête, le président sortant, Mokgweetsi Masisi, a reconnu sa défaite, un geste salué par de nombreux observateurs comme un acte de maturité politique et un gage de stabilité pour la nation. « Je transmettrai toutes les affaires en cours au nouveau Président pour qu’il puisse les traiter après son investiture. Je continuerai à servir les intérêts du pays conformément à notre constitution », a-t-il déclaré.

Ce changement profond dans le paysage politique botswanais est largement perçu comme une réponse au mécontentement croissant des citoyens face à la gestion du pays. Des problèmes comme le chômage élevé, les inégalités sociales, la corruption et la stagnation économique ont alimenté une soif de changement. En particulier, le président sortant a été critiqué pour n’avoir pas respecté ses promesses électorales de 2019, notamment celles concernant la croissance économique, l’emploi et la diversification de l’économie, qui reste largement dépendante des diamants. 

Les jeunes électeurs, en particulier dans les zones urbaines, semblent avoir perdu confiance en le BDP et se sont tournés vers l’opposition, considérée comme une alternative crédible. Cette dynamique augure d’une nouvelle ère politique pour le pays, bien que des défis de taille attendent le prochain gouvernement.

Les nouveaux dirigeants de l’UDC devront faire face à plusieurs défis économiques majeurs. L’un des plus importants concerne l’impact des diamants synthétiques, qui grignotent de plus en plus le marché des diamants naturels, principal pilier de l’économie botswanaise. Les diamants représentent environ un quart du PIB du pays et plus de 90 % de ses exportations. 

Selon un rapport de l’Econsult Economic Review, les exportations de diamants bruts ont chuté de 42 % en mars 2024 par rapport à l’année précédente, entraînant une stagnation du PIB. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de seulement 1 % pour 2024, un net ralentissement par rapport aux 5,5 % en 2022 et 2,7 % en 2023.

En outre, le pays est confronté à un chômage croissant, qui est passé de 21 % en 2019 à près de 28 % au début de cette année. Cela pose un défi considérable pour l’UDC, qui devra non seulement répondre aux attentes élevées de la population en matière de réformes économiques et sociales, mais aussi naviguer dans un environnement économique mondial de plus en plus incertain.