Quelques jours après la formation du nouveau gouvernement malien, la toute aussi nouvelle opposition a fait entendre sa voix pour la première fois en critiquant la présence de plusieurs cadres du gouvernement de transition.
Un communiqué du FDR (Front pour la Démocratie et la République), coalition de plusieurs partis vigoureusement opposés au dernier coup d’Etat, publié mardi dernier critique particulièrement la décision d’avoir reconduit le général Moussa Sinko Coulibaly. Celui-ci est proche du général Sanogo, auteur du coup d’Etat de mars 2012, et était déjà ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de transition et avait organisé les élections. Comme lui, plus de la moitié des ministres de ce nouveau gouvernement sont issus du gouvernement de transition. Une stratégie qui, selon Soumaïla CIssé, n’est pas très compatible avec une volonté de changement. Beaucoup de membres de ce gouvernement sont par ailleurs des alliés, des proches, voire des amis du nouveau président Ibrahim Boubakar Keïta. Cette prise de position est la première concrète que le candidat malheureux au deuxième tour de l’élection présidentielle prend dans le rôle d’opposant qu’il a choisi. Pour l’heure, seul son parti, l’UDR (Union pour la République et la Démocratie), s’est clairement placé dans l’opposition. Certains partis alliés tels que les FARE (Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence) de Modibo Sidibé ou encore l’UFDP (Union des Forces Démocratiques pour le Progrès) du coonel Youssou Traoré demeurés à ses côtés devraient le renforcer. Les élections législatives, dont le calendrier doit encore être fixé, pourraient donner l’occasion à Soumaïla Cissé de tenir le rôle de chef de file de l’opposition parlementaire.
L’opposition, élément clé d’une démocratie, peine malgré tout à émerger au Mali. Plusieurs partis politiques membres du FDR qui, au vu des résultats du 2ème tour, devaient animer l’opposition, ont surpris en se ralliant au nouveau pouvoir. D’autres encore préfèrent la méthode douce, officiellement pour ne pas ébranler la fragile unité nationale.