La mobilisation humanitaire sans précédent cette année au Sahel, a évité à cette région une catastrophe de grande ampleur avec près de 19 millions de personnes exposées à la faim et plus d’un million d’enfants à la malnutrition sévère. Mais de l’avis de plusieurs professionnels de l’aide humanitaire, d’analystes et de médecins, beaucoup serait encore à faire pour une intervention plus rapide et plus efficace en cas de crise.
Pour Stephen Cockburn, le coordinateur des campagnes et politiques de l’ONG Oxfam en Afrique de l’Ouest, les intervenants ont manqué de coordination dans l’interprétation des données d’alerte précoce. Ce qui aurait ralenti la réaction des bailleurs de fonds. Il semblerait également que l’agriculture ait été le secteur le plus négligé dans le soutien apporté. L’OCHA (Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies) affirme que jusqu’au mois d’octobre, la FAO n’avait reçu que le tiers des 125 millions de dollars qu’elle attendait pour pouvoir aider efficacement une cible de 9.9 millions de personnes. Ce qui fait qu’elle n’a pu en aider que 53%. De plus, seuls 18% des dépenses de santé ont pu être financées dans les neuf pays de la région touchés par la crise. Les lenteurs administratives sont également à retenir pour Cyprien Fabre, le chef du bureau régional d’ECHO (Office d’Aide Humanitaire de la Commission Européenne). Il s’est parfois écoulé beaucoup de temps avant que les fonds passent des donateurs aux agences multilatérales, puis aux ONG.
Par ailleurs, des pays comme le Tchad et le Niger ont eu à souffrir de retard dans leur approvisionnement suite à des difficultés imprévues, telles que les fermetures de frontières, l’insécurité ou d’autres problèmes d’ordre logistique. Les bailleurs de fonds sont également de plus en plus sollicités pour intervenir en amont, en favorisant le développement économique de la région, pour prévenir les catastrophes humanitaires.