Le Sénégal a connu le 22 octobre dernier des émeutes provoquées par des thiantacounes, les partisans du chef spirituel Béthio Thioune, emprisonné sous l’accusation d’avoir couvert un double meurtre. Certes les forces de l’ordre ont tout mis en œuvre pour rétablir le calme, mais la question de la prévention se pose avec acuité, plus particulièrement pour les services de renseignement.
La presse sénégalaise dénonce les contre-performances des renseignements généraux. L’émeute des thiantacounes a pris de court les autorités alors que des signes avant-coureurs étaient perceptibles. La qualité des renseignements sénégalais semble s’être dégradée avec le temps, ne parvenant plus à combler valablement le vide laissé par le départ de plusieurs vétérans qui ont dirigé les services des renseignements d’une main de fer pendant une vingtaine d’années. Les capacités d’anticipation des services de renseignement sénégalais peuvent être légitimement débattues, puisque les émeutes du 22 octobre ne sont malheureusement pas les premières de cette ampleur. Le 16 février 1994, sous le mandat de l’ancien président Abdou Diouf, un meeting du PDS (Parti Démocratique Sénégalais), le parti d’opposition de l’époque, avait dégénéré en émeutes. Des voitures avaient été cassées et brûlées, des commerces saccagés, des édifices publics lapidés. Six policiers avaient même été pris à partie et tués dans des conditions barbares. Le précédent président Abdoulaye Wade a également eu à gérer une crise similaire provoquée par des marchands ambulants.
A chaque fois, les différents organismes de renseignement, BNSE (Brigade Nationale de la Sécurité d’Etat), CENCAR (Centre pour la Coordination et l’Animation du Renseignement), BSPR (Bureau de Sécurité de la Présidence de la République) ont été pointés du doigt. Soit ils ne parvenaient pas à obtenir les informations à temps, soit, le cas échéant, s’avéraient incapables de prendre les dispositions préventives nécessaires.