La visite mercredi du général libyen controversé Khalifa Haftar au porte-avions russe Amiral Kouznetsov au large de la Libye, au motif de discuter avec des responsables militaires russes de la situation en Libye et des enjeux du terrorisme au Moyen Orient, illustre en réalité le positionnement de Moscou qui entend désormais jouer un nouveau rôle dans la crise libyenne après avoir été écartée par les pays occidentaux.
Lors de sa visite sur le bâtiment de guerre russe, le général Haftar dont l’armée contrôle une grande partie de l’Est de la Libye, s’est également entretenu par vidéoconférence avec le ministre russe de la défense Serguei Choigou.
Il a notamment été question de la formation de l’armée du général Haftar par les russes ainsi que de la levée de l’embargo sur les armes qui est imposé actuellement en Libye. Ce déplacement, le premier du genre pour le chef de l’armée nationale libyenne (ALN), a été fortement médiatisé, notamment par les médias occidentaux.
Ils donnent en effet une importance significative au retour de la Russie sur le terrain libyen, de même qu’ils mettent en lumière le puissant rôle du général Haftar. Ce dernier, dont l’autorité n’est pas reconnue par la communauté internationale, a conquis plusieurs pans du territoire libyen.
Son armée a en outre mené de nombreuses opérations contre les combattants djihadistes de l’Etat Islamique et certains groupes rebelles extrémistes. Toutefois, le général Haftar refuse toujours de reconnaître l’autorité du gouvernement d’union nationale (GNA), issu de l’accord de Skhirat qui a été conclu en décembre 2015 au Maroc.
Mais le général s’impose de plus en plus comme un acteur incontournable dans la crise libyenne. Plusieurs pays lui apportent officieusement de l’aide. La France avait par exemple envoyé secrètement des régiments afin de soutenir les efforts de l’ALN.
Suite à un accident d’hélicoptère en juillet dernier, trois soldats français avait péri, faisant éclater au grand jour le soutien effectif de la France au général Haftar. Le GNA dirigé par le premier ministre Fayez Al Sarraj avait alors dénoncé le double jeu de la communauté internationale. La dernière sortie du général Khalifa Haftar pourrait donc servir à la fois à peser sur la balance pour une reconnaissance de son armée au niveau international et, en même temps, signifier l’implication de Moscou dans les efforts pour résoudre la crise libyenne.