Les 15 pays membres de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont convenu le 11 novembre de l’envoi d’une force militaire de 3300 soldats pour déloger les groupes islamistes armés du Nord Mali. Mais qui sont exactement ces bandes qui terrorisent le septentrion malien ?
Ces groupes n’appartiennent pas tous à une organisation homogène. Ils sont formés de rebelles touaregs et des groupes islamistes dirigés par des émirs algériens, des anciens du GSPC. Les rebelles touaregs sont regroupés dans le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), et se sont alliés aux islamistes d’Ansar Dine, à leur tête le rebelle touareg Iyad Ag Ghali. Les revendications autonomistes des touaregs sont anciennes. Ces habitants du grand désert du Sahara ont en outre été constamment manipulés par les pouvoirs en place dans la région, notamment par le régime de Kadhafi. Une kyrielle armée qui vit de contrebande, de trafic de drogue, du passage des migrants subsahariens et du rapt de ressortissants occidentaux qu’ils échangent contre de fortes sommes. Le versement d’une rançon de 15 millions d’euros pour la libération de trois otages occidentaux en juillet dernier, en est le dernier exemple. Profitant du coup d’Etat du 22 mars dernier et du chaos qui s’en est suivi, ces groupes ont investi tout le nord du Mali, occupant ses trois principales villes : Tombouctou, Kidal et Gao. Le groupe Ansar Dine s’est par la suite allié aux islamistes d’Aqmi et du Mujao pour écarter le MNLA. Toutefois, la pression exercée par les pays de la CEDEAO et la communauté internationale a été payante. Ansar Dine a été obligé de prendre ses distances des jihadistes et de rejeter publiquement le terrorisme. De telle manière que, en attendant le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU fin novembre ou début décembre, la force militaire africaine sait à présent quel est l’ennemi à abattre.
Mais les forces armées de la CEDEAO ne doivent pas se faire d’illusion. Ils auront en face d’eux des milliers de combattants bien armés, disposant de moyens logistiques importants et surtout, déterminés et connaissant parfaitement le terrain désertique du Nord malien. Les experts militaires pensent même que les 3300 soldats seront insuffisants au cas où la logique armée prévaudrait, et que la confrontation risquerait d’être longue face à un ennemi insaisissable.