Le Mali est à 90% musulman, mais jusqu’à avant la prise du Nord en mars dernier par des groupes islamistes armés, le pays était un exemple de laïcité dans lequel musulmans, chrétiens et autres confessions cohabitaient en parfaite harmonie. Pourtant aujourd’hui, même si une issue à la crise est trouvée, les communautés religieuses minoritaires, chrétiennes en tête, craignent que les choses ne soient plus comme avant.
Il est vrai que, pour l’heure, les communautés chrétiennes du Mali n’ont pas particulièrement été ciblées par les islamistes, mis à part quelques mises à sacs d’églises et de temples protestants aux premiers moments de l’occupation et leur fermeture totale depuis. D’ailleurs, la quasi-totalité des chrétiens présents dans le Nord, à l’image des chrétiens de l’église évangélique d’Ansongo, dans le nord du Mali, menés par le pasteur Aziz Cissé, n’ont pas tardé à prendre la fuite. Mais aujourd’hui, la plus grande crainte de ces chrétiens est de voir les graines de l’extrémisme semées dans le cœur des musulmans maliens, partisans jusqu’alors d’un islam particulièrement modéré. Le principe de la laïcité, jusqu’alors considéré comme constant, pourrait être négocié par les autorités de Bamako dans l’espoir de sortir le pays de la crise en évitant la guerre.
Les leaders religieux, pour leur part, continuent d’afficher leur unité. Depuis le début de l’occupation du Nord, musulmans et chrétiens ont multiplié les appels à la paix et à une gestion pacifique de la situation. Mais la politique adoptée par le gouvernement d’union nationale nommé en août dernier, notamment l’intégration pour la première fois d’un ministère des Affaires religieuses et du Culte et dont les modalités de fonctionnement ne sont pas encore clairement définies, fait craindre des dérapages. Les chefs chrétiens craignent notamment que la forte majorité musulmane du pays ne conduise lentement le pays à considérer l’islam comme la religion d’Etat.