RDC : Un rapport de l’ONU pointe du doigt l’implication rwandaise avec le M23

Des experts mandatés par l’Organisation des nations unies ont présenté  un nouveau rapport décrivant la prise de contrôle territoriale par l’armée rwandaise dans l’est de la RDC aux côtés des rebelles du M23.

Le rapport mentionne l’utilisation de lance-missiles, l’établissement de camps d’entraînement, le déploiement de « 3 000 à 4 000 militaires », ainsi que le recrutement forcé d’enfants et des tirs systématiques sur les zones urbaines.

Les experts et observateurs onusiens affirment que les officiers rwandais dirigent « de facto » les opérations du M23. Ils accusent les autorités rwandaises de violer l’intégrité et la souveraineté de la RDC en soutenant la « conquête territoriale » du M23.

Depuis fin 2021, le M23 et les troupes rwandaises ont avancé dans la province du Nord-Kivu, défaisant l’armée congolaise et instaurant une administration parallèle dans les zones sous leur contrôle.

Bien que les autorités rwandaises aient initialement nié leur implication aux côtés du M23 jusqu’à fin 2023, elles ont depuis reconnu publiquement cette collaboration. Le président rwandais Paul Kagame a exprimé sa disposition à « se battre » contre la RDC si nécessaire, sans aborder directement la présence des Forces de défense rwandaises (RDF) en RDC.

Les Etats-Unis, la France, la Belgique et l’Union européenne ont demandé à plusieurs reprises au Rwanda de retirer ses forces militaires et ses missiles sol-air du territoire congolais, ainsi que de cesser son soutien au M23, des demandes qui sont restées jusqu’à présent sans réponse.

Les experts soulignent que, lors de la rédaction de leur rapport en avril 2024, les troupes rwandaises étaient aussi nombreuses voire plus nombreuses que les combattants du M23, évalués à environ 3 000 hommes. Le rapport comprend des photographies aériennes des zones contrôlées par le M23 et l’armée rwandaise, montrant des hommes armés en uniforme, des véhicules blindés et des équipements militaires lourds.

Il mentionne également le recrutement d’enfants dès l’âge de 12 ans dans les camps de réfugiés au Rwanda, avec une formation au combat supervisée par des militaires rwandais et des membres du M23. Les recrues plus âgées ont été déployées sur les lignes de front après avoir été formées.

Par ailleurs, le rapport indique que lors de leurs offensives, le M23 et les RDF ont ciblé spécifiquement des localités majoritairement habitées par des Hutu, connues pour être des bastions des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle formé par d’anciens responsables hutu impliqués dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 et réfugiés au Congo depuis lors.