Dans les récents échanges du maréchal Khalifa Haftar avec ses conseillers, le nom d’Illizi est réapparu dans les discussions comme une région liée à l’espace libyen, selon des sources libyennes.
Située dans le sud-est algérien, cette wilaya frontalière avec la Libye suscite un regain d’intérêt sur fond de mémoire tribale, de ressources naturelles, et de rivalités régionales.
Historiquement, la région d’Illizi faisait partie de l’espace Libyen couvrant une vaste zone allant de Ghat en Libye à Djanet, bien avant la colonisation française.
La frontière actuelle, définie par des accords coloniaux franco-italiens, notamment le Traité de 1919 entre la France et l’Italie, a arbitrairement séparé ces territoires. Le pacte colonial n’a pas tenu compte des logiques culturelles, sociales ou linguistiques locales, créant un découpage artificiel, dénoncé depuis par plusieurs anthropologues.
En 1934, l’Italie achève la conquête du Fezzan et tente d’intégrer Ghat et sa région dans un projet de « Grande Libye ». Mais la France, maîtresse de l’Algérie, sécurise son contrôle sur Djanet et Illizi. Ce découpage est réaffirmé après la Seconde Guerre mondiale dans le cadre des accords de frontière entre les puissances coloniales.
Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, l’armée algérienne a considérablement renforcé sa présence dans la région d’Illizi, craignant des infiltrations jihadistes depuis le sud libyen.
Les gisements de gaz exploités dans la région, notamment autour d’In Amenas, ont également renforcé l’intérêt stratégique d’Alger pour ce territoire.
Des sources proches du maréchal Haftar affirment que certains officiers libyens évoquent Illizi comme « un territoire annexé à l’Algérie par la France ». Ce type de discours circule notamment au sein du Conseil social des tribus libyennes du Fezzan, qui milite pour une redéfinition des frontières en fonction des réalités tribales d’avant la colonisation.
Le cas d’Illizi illustre la complexité des frontières sahariennes héritées de la colonisation. Si la région fait actuellement partie de l’Algérie, ses racines tribales transfrontalières et sa richesse énergétique en font un enjeu à la fois mémoriel et stratégique.
Depuis quelques mois, des mouvements militaires sont observés dans la région frontalière de l’Algérie et de la Libye.
