Suite à une requête du tribunal spécial chargé de le juger, l’ancien président tchadien Hissène Habré, accusé de crimes contre l’humanité, a été arrêté hier dimanche à Dakar. Il est refugié au Sénégal depuis la fin de son règne au Tchad.
Après 22 ans de latence, le Sénégal passe la vitesse supérieure dans la procédure contre l’ancien dictateur tchadien comme l’avait promis le président sénégalais MackySall dans sa campagne électorale. Le procureur spécial des chambres spéciales MbackéFall avait récemment multiplié les visites en Belgique et au Tchad pour préparer le dossier d’accusation contre l’ancien président tchadien. La garde-à-vue de Hissène Habré, conformément à la loi sénégalaise, doit durer 48 heures renouvelables une fois. Les Etats-Unis, dont le président Barack Obama était en visite au Sénégal du 26 au 28 juin, ont félicité les efforts de ce pays pour le jugement d’Hissène Habré.
Le Sénégal a été mandaté par l’Union Africaine en juillet 2006 pour organiser le procès de l’ancien dictateur. Le tribunal spécial qui doit le juger, en activité depuis février,est le premier du genre mis en place pour juger un Africain. Il comporte quatre chambres spéciales : deux pour l’instruction et l’accusation, une cour d’assises et une cour d’appel, formées de juges africains dont des sénégalais. Son budget est de plus de 9.5 millions de dollars US, financé entre autres par l’Union européenne et les Etats-Unis. Le manque de moyens avait été la raison avancée par l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade pour expliquer le report incessant de ce procès.
Hissène Habré a été président du Tchad du 7 juin 1982 au 1er décembre 1990, une période marquée par une féroce répression des opposants, faite d’arrestations arbitraires, de tortures et d’exécutions, par la police politique, la DDS (Direction de la Documentation et de la Sécurité). Une commission d’enquête a estimé à plus de 40 000 le nombre de personnes à voir perdu la vie en détention, dont seulement 4 000 ont pu être nommément identifiées.