Algérie : En multipliant les attaques armées, le Polisario pousse les Etats-Unis vers une requalification terroriste

En revendiquant une intensification de ses opérations militaires contre l’armée marocaine en décembre 2025, le Front Polisario franchit un seuil politique lourd de conséquences : celui d’un affrontement direct avec la doctrine sécuritaire américaine du président Donald Trump, où toute action armée persistante contre un allié stratégique des Etats-Unis est susceptible d’être assimilée à une activité terroriste.

Selon Sahara Press Service (SPS), organe officiel du Polisario et de l’Algérie, des unités de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) ont mené, le 10-11 décembre 2025, des bombardements ciblés contre des positions marocaines dans le secteur de Hawza, notamment à Fadra Laghrab et Fadra Al-Ach, causant, selon les communiqués du ministère de la Défense sahraoui, des pertes humaines et matérielles.

Le discours employé, glorification de la violence, terminologie guerrière exaltée, désignation explicite de « l’ennemi », s’inscrit dans une rhétorique de confrontation armée assumée.

Le 17 décembre 2025, le Polisario a de nouveau revendiqué des frappes contre des bases marocaines dans le secteur de Guelta, notamment dans la zone d’Ajbeylat El Beid, affirmant avoir infligé d’importants dégâts matériels et humains.

Ces attaques diffusées, visent des positions militaires situées derrière un mur de défense reconnu par la communauté internationale comme une ligne de cessez-le-feu supervisée par l’ONU.

Pour l’Administration américaine, ces actions ne sont pas anodines sur le plan juridique et stratégique, alors que les Etats-Unis reconnaissent officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, décision prise sous Donald Trump et jamais remise en cause par ses successeurs.

Pour Washington, Rabat est un partenaire stratégique consolidé, bénéficiant d’une coopération économique, militaire, sécuritaire et de renseignement renforcée.

Dans ce contexte, la poursuite d’attaques armées revendiquées contre les forces marocaines place le Polisario dans une zone rouge, de plus en plus étroite.

Depuis les attentats du 11 septembre, la doctrine américaine tend à assimiler toute organisation non étatique menant des opérations militaires régulières, transfrontalières et idéologiquement revendiquées contre un allié majeur, à une menace terroriste potentielle.

Le facteur aggravant réside dans le soutien logistique et politique de l’Algérie, régulièrement pointé par des analystes américains comme un élément de déstabilisation régionale au Sahel et au Maghreb.

Dans un environnement où Washington surveille de près les connexions entre groupes armés, zones sahéliennes et trafics transnationaux, le maintien d’une activité militaire revendiquée, expose le Polisario à une lecture sécuritaire de plus en plus sévère avec ses connexions aux organisations terroristes et l’Iran au Moyen-Orient contre Israël.

Plus encore, la stratégie de communication du mouvement, exaltation des « opérations héroïques », glorification de la violence armée, rejet explicite des cadres onusiens, alimente les arguments de ceux qui, aux Etats-Unis, plaident pour une désignation formelle du Polisario comme organisation terroriste étrangère (FTO). Une telle qualification va avoir des conséquences immédiates : gel des soutiens, criminalisation des relais politiques et humanitaires, et isolement diplomatique accru du Polisario ainsi que du régime militaire algérien.

En cherchant à défier la reconnaissance américaine du Sahara marocain par la force, le Polisario semble ignorer une réalité fondamentale : à Washington, le temps des mouvements armés tolérés au nom de causes idéologiques est révolu.

La poursuite d’attaques militaires non reconnues internationalement va transformer un mouvement autrefois perçu comme politique en acteur armé assimilable à une organisation terroriste, avec toutes les implications que cela comporte.

Pour de nombreux décideurs occidentaux, cette dimension régionalise le conflit et renforce sa lecture comme un vecteur de déstabilisation stratégique, à contre-courant des priorités euro-atlantiques de sécurité, de lutte contre l’extrémisme et de stabilisation du flanc sud de la Méditerranée.