La Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) a fêté dimanche son vingtième anniversaire. L’évènement a permis de dresser un bilan inquiétant de cette organisation qui semble aller vers la faillite.
Ebranlée entre autres par la guerre civile à Brazzaville, la xénophobie à Malabo et à Libreville, le scandale de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale, une extrême inégalité dans la répartition des richesses ou encore la gabegie à la présidence de la commission, la Cemac pourrait bien ne pas survivre à la crise centrafricaine. C’est en substance la principale inquiétude tirée lors de la célébration de son vingtième anniversaire.
La crise centrafricaine a mis en évidence plusieurs échecs de l’organisation. Au niveau de l’entraide, la Cemac n’est pas parvenue à défendre l’un de ses membres, François Bozizé, avec l’attitude passive des contingents de Fomac (Force multinationale de l’Afrique centrale) présents en Centrafrique au début de l’année 2013 face à l’entrée des rebelles de la Séléka à Bangui. La gestion de la crise par l’organisation a également été un échec. Le représentant des rebelles Séléka Michel Djotodia a pu prendre le pouvoir et plonger le pays dans l’anarchie pendant plus de neuf mois avec une certaine reconnaissance de ses pairs, alors que la responsabilité des rebelles Séléka dans plusieurs exactions dans le sillage de leur avancée ne faisait aucun doute.
Le 10 janvier dernier, le siège de la Cemac a été transféré de Bangui à Brazzaville. Depuis, la Communauté vit dans une sorte de coma. Eparpillés entre Libreville, Douala et Bangui, les cadres de l’organisation sont désormais plus préoccupés par des soucis domestiques. Les déboires de la Cemac soulignent le retard de l’Afrique centrale par rapport aux autres régions du continent dans le domaine de l’intégration régionale.