Selon des sources bien informées à Alger, la conférence sur la sécurité au Sahel qui se tient les 7 et 8 septembre à Alger, a été organisée en urgence par Alger dans une tentative de détourner l’attention de l’opinion publique interne, après les déboires accumulés par la diplomatie algérienne dans la crise Libyenne. Il est vrai, assure la même source, que les responsables politiques et militaires algériens ont été totalement déstabilisés par la tournure des événements en Libye voisine. L’hésitation à reconnaître le CNT et la duplicité incompréhensibles des responsables algériens ont altéré leur capacité de jugement et paralysé leur réactivité. Jusqu’à la dernière minute, ils ont soutenu le colonel, espérant à chaque instant un retournement des choses en faveur du clan du dictateur. Et malgré ses multiples déclarations, Alger n’a pas pu convaincre la communauté internationale de sa neutralité dans une guerre qui se joue sur ses frontières. Les révélations faites par les responsables de la rébellion libyenne et les rapports établis par l’OTAN ont tous confirmé l’existence d’une intense activité d’acheminement d’armes et de mercenaires vers la Libye en guerre. Tout récemment encore, le dimanche 4 septembre, le journal canadien « Globe and Mail » fait une révélation fracassante.
Des contacts secrets avaient eu lieu en juillet entre la Chine et Mouammar Kadhafi pour la livraison d’armes pour un montant de 200 millions de dollars par le biais de l’Algérie et de l’Afrique du Sud. Le journal canadien précise même les noms des entreprises chinoises contactées. Réagissant promptement, le ministère chinois des Affaires étrangères a démenti la livraison d’armes, sans toutefois nier les contacts engagés. Jiang Yu, porte-parole du ministère chinois a ainsi reconnu qu’en « juillet, le gouvernement de Kadhafi a envoyé quelqu’un en Chine à l’insu du gouvernement chinois pour prendre contact avec des membres de sociétés intéressées ». Aujourd’hui, embarrassé par cette mise au ban internationale, Alger cherche à se refaire une réputation mais à moindre frais, selon les sources de Sahel-Intelligence à Alger. En se limitant à inviter le Mali, le Niger et la Mauritanie, Alger condamne d’avance cette rencontre à l’échec, estiment les mêmes sources. D’ailleurs, les spécialistes avaient averti contre le peu d’intérêt que représentera la rencontre d’Alger en l’absence du Maroc et de la Tunisie et, surtout de la Libye, principal foyer de tension dans la région. Car l’effondrement du régime de Kadhafi est en train de changer la donne géopolitique dans la région. Et avec toutes les incertitudes politiques et sécuritaires nées du chaos libyen, il est paradoxal que ce pays soit absent de la rencontre.