Un tribunal de Mogadiscio a émis mercredi un mandat d’arrêt à l’encontre d’Ahmed Madobe, le président du Jubaland, après sa réélection à ce poste. Il est accusé, entre autres, « d’atteinte à l’unité nationale », peu de temps après avoir été réélu lors d’un scrutin non reconnu par le gouvernement fédéral.
Cette décision intensifie les tensions entre cet ancien chef de guerre, qui dirige la région depuis 2012, et le gouvernement central de Mogadiscio, dans des relations souvent marquées par des conflits.
Le lundi précédent, Ahmed Madobe a été réélu pour un troisième mandat par le parlement régional du Jubaland. Toutefois, le gouvernement fédéral a jugé cette élection « illégale », estimant que Madobe n’était plus éligible, ayant déjà atteint la limite des deux mandats imposée par la Constitution.
Le tribunal régional a annoncé mercredi avoir accepté la demande du procureur général d’émettre un mandat d’arrêt contre Madobe. Le commandant de la police nationale somalienne a été ordonné d’arrêter l’accusé et de le présenter devant le tribunal régional de Benadir.
Madobe est accusé de « haute trahison », « atteinte à l’unité nationale », « partage d’informations sensibles avec un pays étranger » et « violation du cadre constitutionnel de la Somalie ».
Le gouvernement central avait espéré reporter à 2025 les élections présidentielles du Jubaland, afin qu’elles coïncident avec son projet d’introduire le suffrage universel direct à l’échelle nationale. Actuellement, les dirigeants somaliens sont élus par un système indirect complexe, impliquant les chefs de clan.
Ahmed Madobe, de son vrai nom Ahmed Mohamed, a pris le pouvoir en 2012 après avoir, avec l’aide de troupes kényanes, chassé les islamistes radicaux shebab de leur fief de Kismayo, une ville portuaire clé et capitale du Jubaland.