Au Sénégal, Hissène Habré, l’ancien président Tchadien, a été condamné à la prison à perpétuité, une première en Afrique où un tribunal spécial africain juge et condamne un ex-chef d’Etat pour crimes contre l’humanité et torture lorsqu’il était au pouvoir au Tchad dans les années 80.
Hissène Habré a été condamné le 30 mai par le tribunal spécial africain de Dakar, à l’issue d’un procès sans précédent sur le Continent qui a duré dix mois. L’ancien homme fort du Tchad qui a dirigé le pays entre 1982 et 1990, a été condamné pour crimes contre l’humanité, torture et viols commis alors qu’il était au pouvoir.
Ce procès constitue une première en Afrique, puisque c’est la première fois qu’un ancien chef d’Etat est jugé sur le sol africain et par une juridiction spéciale africaine. Les observateurs estiment que le cas Habré pourrait même constituer une alternative à la Cour pénale Internationale (CPI).
C’est aussi la première fois en Afrique qu’un ancien chef d’Etat est jugé par la juridiction d’un autre pays pour la répression d’opposants dont il s’est rendu responsable. Un exemple qui donnera certainement à réfléchir à de nombreux potentats sur le continent.
Ce verdict est, surtout, une victoire pour les victimes et les familles des victimes qui avaient déposé une plainte au Sénégal, pays où l’ancien précédent tchadien réside depuis son exil en 1990.
Pourtant, les limites de ce procès sont évidentes, les juges ayant condamné Hissène Habré pour son « rôle de chef d’orchestre de la répression » sans que les autres responsables des exactions soient inquiétés. Y compris l’actuel chef d’Etat Idriss Déby qui était le chef de l’armée au plus fort de la répression contre les populations du Sud du Tchad, en septembre 1984.
Le procès n’a pas non plus éclairci le rôle trouble de la France et des Etats-Unis dans le soutien à Hissène Habré. Paris et Washington tablaient sur Habré pour contenir le fougueux colonel Mouammar Kadhafi en Libye voisine.
Après ce verdict, les avocats de Habré ont introduit un appel qui ne devrait toutefois pas changer profondément les choses après la sentence historique prononcée par les juges de Dakar.