En annonçant à Paris hier soir la composition du Gouvernement Provisoire Kabyle (G.P.K), en présence de plus de 1000 personnes au Palais des congrès, le leader kabyle Ferhat Mehenni vient de franchir un pallier supplémentaire dans son affrontement avec Alger.
En annonçant à Paris hier soir la composition du Gouvernement Provisoire Kabyle (G.P.K), en présence de plus de 1000 personnes au Palais des congrès, le leader kabyle Ferhat Mehenni vient de franchir un pallier supplémentaire dans son affrontement avec Alger.
Issu de la matrice du M.A.K (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, créé en 2002 suite au printemps noir de Kabylie), le gouvernement provisoire est une incarnation de la revendication autonomiste Kabyle, régulièrement contrée par l’état algérien. Face à ce que le pouvoir considère comme une potentielle menace sécessionniste, toute la palette du savoir-faire en opérations psychologiques –pratique dans laquelle excellent les services secrets algériens- a été exploitée : création de factions dissidentes au sein du M.A.K, mobilisation de journalistes «amis » à l’international, tentatives d’infiltration des instances dirigeantes du groupe autonomiste ou encore opérations de désinformation à travers la presse liée au D.R.S (Services de Renseignement Algériens). Cette dernière accuse régulièrement les autonomistes kabyles et plus particulièrement le M.A.K d’être soutenus par Israël, les Etats-Unis, la France, ou encore le Maroc. Il faut dire que le dossier kabyle constitue une source de préoccupation croissante pour la technostructure algérienne, qui croyait avoir donné suffisamment de gages de sa volonté d’ouverture, Abdelaziz Bouteflika se mettant en première ligne pour négocier avec les leaders kabyles. Le Président est ainsi allé jusqu’à concéder la création d’une chaîne de télévision dédiée inaugurée en grande pompe en 2009. Seul hic, personne ne semble regarder la chaîne 4 « tamazight TV », lui préférant la française « Berbère TV » reçue par satellite dans toute l’Algérie. La position des services secrets algériens sur la question amazirte serait quant à elle plus complexe, le chef du D.R.S, le général de corps d’armée Mohammed Médiène « Toufik » étant lui-même d’origine kabyle et serait plutôt enclin à conserver plusieurs fers au feu afin de se ménager une marge de manœuvre –voire de négociation- avec les leaders du G.P.K. Ainsi, bien que la surveillance des activités du M.A.K et du G.P.K aurait été très fortement intensifié depuis l’annonce de la création du gouvernement provisoire le 21 avril dernier, « Toufik » aurait confié à son adjoint en charge des opérations extérieures (DDSE), le Général Major Rachid Lallali, la délicate mission de mettre en place un canal « discret » de discussion avec les autonomistes afin de sonder leurs intentions. Méfiant par nature, le chef du D.R.S a néanmoins doublé sa démarche en confiant à l’un de ses collaborateurs le plus proche la lourde tâche de prendre langue avec Ferhat Mehenni lui-même, et d’obtenir de lui la dissolution du Gouvernement Provisoire Kabyle, « à n’importe quel prix »…