Le siège de l’Agence africaine du médicament (AMA) sera installé au Rwanda, après le vote du vendredi à Lusaka en Zambie, de la majorité des pays africains en faveur de cette décision, un autre échec pour le pouvoir algérien.
« Le choix du pays de Paul Kagamé et surtout le faible score obtenu par la partie algérienne est considéré par nombre d’observateurs du Continent comme un cinglant revers, voire même une humiliation pour la diplomatie de l’Algérie qui avait mobilisé tous ses canaux humains et financiers pour la cause », écrivent les deux sites « Maliweb » et « Ajourd’hui-Mali ».
Les deux médias ont mis le point sur les 82%, nombre de voix obtenus par le Rwanda lors du vote des pays africains pour se voir attribuer le siège de l’Agence africaine de médicament, ajoutant que l’Algérie, principale challenger du pays de Paul Kagamé est sortie « bredouille ».
« Seuls 8 soutiens, isolés et aigris, se sont abstenus pour ne pas voter pour le Rwanda. Un score jugé de +cinglant revers+, de +déroute+ voire même d’+humiliation+…pour l’Algérie et sa diplomatie », poursuit-on de même source, tout en soulignant que le pays « n’avait pas lésiné sur les moyens humains et financiers pour convaincre les votants ».
Pour preuve, précisent les deux médias, « l’Algérie a essayé d’appuyer son offre pour abriter le siège de l’AMA par la promesse d’une subvention financière d’environ 200 millions de dollars pour construire 6 bâtiments à hauteur de 145 millions de dollars et 50 millions de dollars d’équipement ainsi qu’une prise en charge de l’ensemble des frais pour l’opérationnalisation du siège durant les deux premières années ».
« Sauf que cette offre a été tout simplement ignorée par les votants », relèvent les mêmes sources.
Et d’affirmer que le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra HT, « est allé même jusqu’à proposer à la délégation rwandaise le soutien algérien pour attribuer la direction générale de l’AMA au Rwanda en échange de son désistement au profit de la candidature algérienne dans une flagrante violation des principes démocratiques. Une proposition qui a été mal accueillie du côté des diplomates africains », soulignent « Maliweb » et « Ajourd’hui-Mali ».
Ainsi, poursuivent les deux journaux, malgré ces nombreuses promesses chiffrées à des centaines de millions d’euros, les participants ont plutôt opté pour le Rwanda, considéré comme le meilleur au plan scientifiquement car immédiatement opérationnel et plus apte à favoriser le développement escompté de la souveraineté sanitaire du continent africain.
« En tout cas, pour un diplomate à la retraite, le maigre score de l’Algérie traduit à bien des égards deux enseignements », notent-ils.
« Le premier, c’est le rejet total de la part des pays africains de l’attitude agaçante de ce pays qui s’est refusé d’accepter le verdict objectif de l’équipe d’évaluation relevant de la Commission de l’Union africaine. Car, suite à un processus d’évaluation scientifique, cette équipe avait bel et bien placé le Rwanda en tête de liste des huit candidatures africaines en lice », explique-t-on.
Et le second révèle un désaveu à l’endroit de la diplomatie algérienne avec à sa tête Ramtane Lamamra, « qui est totalement discréditée et encore incapable de saisir que l’Union africaine a changé et qu’elle n’est pas et ne sera plus une chasse gardée », poursuit la même source.
« D’ailleurs l’Algérie avait refusé tous les appels pour respecter le verdict scientifique donné par l’équipe d’évaluation de la Commission de l’UA et le ministre Lamamra avait tenté d’user de tous les subterfuges en vue de forcer le vote sur le pays devant abriter le siège, bien que dès le début, une claire majorité penchait en faveur de la candidature rwandaise. Et à l’issue du vote, la diplomatie algérienne a été ramenée à sa place réelle en Afrique : 8 soutiens en tout et pour tout », indiquent les deux médias.
Il faut rappeler que l’Agence africaine du médicament est une structure de l’UA chargée de la réglementation des produits pharmaceutiques visant à mettre en commun les ressources et les expertises du continent africain afin de remédier au manque d’accès à des produits médicaux de qualité et abordables, au faible développement économique. Elle vise aussi à la réduction de la dépendance excessive à l’égard des produits médicaux importés.