Le Polisario est devenu un acteur influent en Algérie, au point d’être perçu par les analystes occidentaux comme un « Etat dans l’Etat ».
Dirigé depuis 2016 par Brahim Ghali, le Polisario a atteint ce statut particulier en Algérie, compte tenu du rôle des dirigeants algériens eux mêmes, notamment le président Abdelmadjid Tebboune et le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chengriha, ainsi que des bénéficiaires économiques de cette situation.
Depuis sa création en 1973, le Polisario a reçu un soutien significatif de l’Algérie. L’Etat a mis à sa disposition des ressources considérables en termes de financement, de formation militaire et d’armement.
Comptant des milliers de sahraouis, les camps de Tindouf, en Algérie, sont devenus le centre névralgique du Polisario. Ces camps servent de base arrière pour les opérations du Polisario.
Profitant de la période trouble de la guerre froide dans les années 70, l’Algérie, sur son « territoire », a aidé le Polisario à obtenir la reconnaissance diplomatique de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) par certains Etats et organisations internationales.
Depuis, les camps de Tindouf sont administrés par le Polisario avec une intervention minimale des autorités algériennes, permettant à l’organisation de fonctionner comme un gouvernement de facto.
Le Polisario a mis en place ses propres structures administratives, éducatives et de santé dans les camps de Tindouf, renforçant son autonomie et son rôle quasi étatique.
Depuis son élection en 2019, Tebboune a maintenu le soutien traditionnel de l’Algérie au Polisario. Son administration continue de fournir une aide diplomatique et logistique au mouvement, confirmant la position de l’Algérie sur la question du Sahara occidental.
En tant que véritable détenteur du pouvoir en Algérie, le général Saïd Chengriha joue un rôle crucial dans la politique de soutien au Polisario.
Les crises économiques et sociales récurrentes en Algérie ont parfois laissé le gouvernement moins focalisé sur le contrôle strict des camps de Tindouf, permettant au Polisario de renforcer son autonomie.
Les périodes d’instabilité politique en Algérie, comme durant la décennie noire (guerre civile des années 1990), ont également contribué à une attention réduite des autorités algériennes sur la gestion des affaires du Polisario.
Le soutien financier et militaire fourni au Polisario est souvent sujet à des détournements de fonds. Plusieurs hauts responsables militaires profitent de ces ressources pour enrichir leurs propres réseaux.
Les régions proches des camps de Tindouf sont riches en ressources naturelles, y compris les minéraux. Le contrôle de ces ressources permet aux chefs militaires d’en tirer des bénéfices économiques.
La situation de conflit permet également le développement de réseaux de contrebande et de commerce illicite, dont profitent certains de leurs proches.
Cette situation reflète la complexité des relations entre l’Algérie et le Polisario, ainsi que l’importance stratégique de la question du Sahara occidental pour la politique étrangère algérienne, sous la direction de dirigeants comme le président Tebboune et le chef d’état-major Saïd Chengriha.
Les bénéficiaires de cette situation incluent principalement le Polisario et l’armée algérienne, avec certains hauts responsables militaires tirant des profits économiques significatifs à travers la corruption, le contrôle des ressources naturelles et les réseaux de contrebande, estimés à des milliards de dollars, depuis une cinquantaine d’années.