Lorsque le président Abdel Fattah al-Burhan, à la tête du Conseil de souveraineté soudanais et des forces armées (SAF), a annoncé que le Soudan ne participerait pas aux négociations à Djeddah ou à Genève, cela a surpris beaucoup de gens. À ce moment-là, la délégation soudanaise était en route pour Genève, bien que leur objectif ne fût pas de négocier mais de discuter des affaires humanitaires et de l’aide. Cependant, l’ex-ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, a tenté de transformer ces consultations informelles en négociations directes avec la délégation du général rebelle Mohamed Hamdan Dagalo Hemedti, chef des forces paramilitaires de soutien rapide (RSF). Cela aurait représenté un développement encore plus risqué.
A Genève, Lamamra a affirmé dans sa déclaration finale : « Conformément à la résolution 2736 (2024), le Secrétaire général m’a chargé, en consultation avec les autorités soudanaises et les parties prenantes régionales, de formuler de nouvelles recommandations pour la protection des civils au Soudan, en utilisant les mécanismes de médiation et de bons offices existants». Selon des observateurs des Nations unies et certaines ONG, c’est à ce moment que la désinformation a commencé, car l’invitation adressée au Soudan ne mentionnait pas la protection des civils.
Dès leur arrivée à Genève, les représentants soudanais ont demandé l’ordre du jour des consultations et les sujets à discuter. Cependant, la délégation de Lamamra a continuellement tergiversé sur la remise de l’ordre du jour et a insisté pour que la session d’ouverture se déroule à l’intérieur des locaux des Nations unies. Le pays hôte est intervenu craignant l’effondrement des consultations et a mis à disposition des salles en dehors des bâtiments de l’ONU. Malgré tout ce tumulte, l’ordre du jour demeurait flou à ce stade.
Les normes et les conventions internationales interdisent l’accès des milices et des mouvements armés à ces salles. La délégation soudanaise était consciente du piège de Lamamra et l’a évité en refusant toute tentative de négociations directes avec les rebelles.
A ce point, la délégation soudanaise n’avait toujours pas reçu de clarification sur l’ordre du jour des consultations et la mission de Lamamra a échoué dans sa tentative de piéger les autorités soudanaises et de saboter l’accord de Djeddah.