Le récent discours du chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général Saïd Chengriha, illustre une fois de plus la cacophonie entre la posture officielle du régime algérien et la réalité de son action dans la région du Sahel, selon des experts occidentaux.
En invoquant la « vision stratégique sage et clairvoyante » du président Abdelmadjid Tebboune, au Sahel, dont l’élection reste entachée de soupçons et de manipulation, Chengriha perpétue une rhétorique vieillissante, héritée d’un régime militaire qui peine à se réinventer.
A cela s’ajoute un isolement diplomatique grandissant. Les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (le Mali, le Burkina Faso et le Niger) qui ont gelé leurs relations diplomatiques avec Alger, et qui mènent depuis plusieurs jours des exercices militaires tactiques et stratégiques avec d’autres puissances, accusent le régime militaire algérien et ses services de renseignement de soutenir des groupes armés et terroristes opérant dans la région.
Cette rupture vient confirmer le fossé entre le discours officiel algérien et la perception réelle de son rôle par ses voisins sahéliens, qui voient dans les manœuvres algériennes une menace pour leur souveraineté et leur sécurité.
Quant à son rôle de déstabilisateur dans la région sahélienne, la junte militaire du général Saïd Chengriha est de plus en plus marginalisée au profit d’autres acteurs internationaux.
Les « bases du dialogue » évoquées dans son discours, ne sont que des mots creux dans un pays où la répression de la société civile, des journalistes, des syndicats, des militants du Hirak au nord et des mouvements indépendantistes au Sud, continue sans relâche.
Le discours martial de Chengriha trahit ainsi l’obsession d’un pouvoir qui ne sait exister qu’à travers l’uniforme et la menace sécuritaire. Sous couvert de stabilité, le régime militaire algérien poursuit une politique de verrouillage, à la fois sur le plan intérieur et diplomatique.
