Algérie : Le président Abdelmadjid Tebboune serait-il sous emprise ?

Dans les couloirs du palais présidentiel d’El Mouradia, un malaise politique grandit de jour en jour.

Officiellement à la tête de l’Algérie, le président Abdelmadjid Tebboune, est de plus en plus perçu comme un chef d’Etat effacé, dominé par deux figures de l’ombre : son directeur de cabinet, Boualem Boualem, et le chef d’état-major des armées, le général Saïd Chengriha. Ensemble, ces deux hommes sont les véritables architectes des décisions politiques et militaires du pays.

De sources proches du pouvoir, la présidence est sous tutelle. Le président Tebboune s’est progressivement retiré des affaires du gouvernement, laissant Boualem Boualem et le général Chengriha façonner la ligne politique du pays. « Le président valide ce qu’on lui met sous les yeux, mais ce sont le directeur du cabinet et le chef des armées qui rédigent le scénario », confie un conseiller présidentiel, sous couvert d’anonymat.

Le directeur de cabinet, Boualem, est décrit comme un homme redoutablement habile, rompu aux intrigues administratives et doté d’un vaste réseau de loyautés dans l’appareil d’Etat. Il contrôle non seulement les nominations, mais oriente aussi les axes de la politique sociale, économique et médiatique du régime.

En parallèle, le général Saïd Chengriha, figure incontournable de l’armée, a renforcé sa présence sur la scène publique et diplomatique. « C’est lui qui négocie les accords de sécurité avec l’étranger, prend les décisions en matière de défense et les nominations dans les appareils sécuritaires civils et militaires. Le président, en tant que chef de l’Etat et ministère de la Défense, lui obéit au doigt et à l’œil », analyse un politologue local.

Selon un général en résidence surveillée, en Algérie, c’est une dérive autoritaire inquiétante.

Cette concentration du pouvoir entre les mains de deux hommes non élus inquiète de nombreux observateurs. Des journalistes d’investigation et des membres de la société civile parlent d’une « prise d’otage institutionnelle » et dénoncent l’absence de contre-pouvoirs efficaces. Les décisions de justice sont souvent orientées, les médias étouffés, et l’opposition muselée.

A l’international, les partenaires de l’Algérie s’interrogent. Les positions diplomatiques du pays, autrefois prudentes, sont devenues imprévisibles et parfois contradictoires.

« Nous ne savons plus qui parle au nom de l’Algérie: le président, son directeur de cabinet, son chef d’état-major ou la presse officielle, selon des diplomates européens à Alger.