La Commission électorale indépendante (CEI) de Côte d’Ivoire a publié mercredi la liste électorale définitive pour l’élection présidentielle du 25 octobre. Quatre figures emblématiques de l’opposition y sont absentes : Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro. Aucun d’eux ne pourra ni se présenter, ni voter.
Le président du PDCI, Tidjane Thiam, a été radié en avril, à la suite d’une décision de justice mettant en doute sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription. L’ancien président Laurent Gbagbo, son ex-bras droit Charles Blé Goudé, ainsi que l’ancien Premier ministre en exil Guillaume Soro, sont exclus de longue date en raison de condamnations judiciaires. Leurs noms n’ont pas été réintégrés sur les listes.
Réagissant depuis l’étranger, Tidjane Thiam a dénoncé « un exemple éloquent de la dérive vers une absence totale de démocratie », dans un communiqué publié mercredi. Son parti a annoncé avoir saisi le Comité des droits de l’Homme de l’ONU. Son avocat, Me Mathias Chichportich, évoque une « décision arbitraire et discriminatoire », contraire aux engagements internationaux de la Côte d’Ivoire.
Au sein du PPA-CI de Laurent Gbagbo, la frustration est également palpable. « Le pouvoir a choisi le passage en force », a déploré Jean-Gervais Tchéidé, secrétaire général et porte-parole adjoint du parti, tout en assurant que l’opposition ne « laissera pas faire ».
Parmi les candidats qualifiés figurent toutefois l’ex-Première dame Simone Gbagbo, l’ex-ministre Jean-Louis Billon et l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan. Mais Simone Gbagbo a averti : « Les conditions ne sont pas réunies pour des élections paisibles ».
Malgré les appels répétés de l’opposition à réviser la liste électorale et à réintégrer les candidats exclus, la CEI a fermé la porte à toute modification. « Le processus prendrait six à sept mois, ce qui compromettrait la tenue du scrutin », a justifié son président, Ibrahime Kuibiert Coulibaly. Il a appelé au respect des décisions de justice, affirmant œuvrer à faire de la Côte d’Ivoire un État de droit.
La liste électorale actuelle comprend 8,7 millions d’électeurs. Dans un pays de 30 millions d’habitants, dont près de la moitié a moins de 18 ans, les tensions politiques montent à l’approche du scrutin. Les partis de Thiam et Gbagbo ont suspendu leur participation aux instances de la CEI depuis avril, accusant l’institution de manque d’indépendance, accusation que cette dernière rejette fermement.
