Algérie : Paris déplore la condamnation du journaliste français Christophe Gleizes, sans exiger sa libération

Le ministère français des Affaires étrangères a exprimé, lundi 30 juin, son « profond regret » après la condamnation à sept ans de prison ferme du journaliste français Christophe Gleizes en Algérie. Toutefois, dans un contexte diplomatique extrêmement tendu entre Paris et Alger, la France s’est abstenue de demander explicitement sa libération.

Cette affaire, restée jusqu’ici confidentielle, a été révélée dimanche par Reporters sans frontières (RSF) et le groupe So Press, employeur du journaliste, qui ont dénoncé une condamnation « injuste » et politiquement motivée.

Christophe Gleizes, 40 ans, journaliste indépendant et spécialiste du football africain, collaborait notamment avec les magazines So Foot et Society. Il a été arrêté le 28 mai 2024 alors qu’il se trouvait en Algérie pour enquêter sur  la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), un des plus grands clubs du pays, basé à Tizi Ouzou.

Placé sous contrôle judiciaire durant 13 mois, il avait interdiction de quitter le territoire. Dimanche, il a été condamné notamment pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications à visée de propagande portant atteinte à l’intérêt national », selon RSF.

Les autorités algériennes lui reprochent ses contacts avec un dirigeant de la JSK également affilié au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste en Algérie depuis 2021. Ses soutiens soulignent que seul l’un des trois échanges avec ce contact a eu lieu après cette classification, dans le cadre de ses recherches journalistiques.

Cependant, aucun appel à sa libération n’a été formulé par les autorités françaises, qui semblent vouloir éviter une nouvelle escalade diplomatique avec Alger. Le journaliste a été transféré à la prison de Tizi Ouzou.

L’arrestation en novembre 2024 de l’écrivain Boualem Sansal, de nationalité franco-algérienne, a envenimé  les relations entre la France et le régime militaire algérien. 

Face à cette situation, Franck Annese, fondateur du groupe So Press, appelle à une mobilisation plus forte : « Il est important que tout soit mis en œuvre, y compris politiquement et diplomatiquement, pour que la justice l’emporte et que Christophe puisse retrouver ses proches et sa rédaction ».