Erythrée : Renforcement de l’armée pour semer l’instabilité dans la région

L’Erythrée, l’un des pays les plus fermés du monde, situé dans la Corne de l’Afrique, serait en train de reconstruire ses forces armées et de jouer un rôle déstabilisateur dans la région depuis la levée de l’embargo sur les armes en 2018. C’est ce qu’affirme un rapport publié par l’organisation américaine The Sentry, spécialisée dans l’enquête sur le financement des conflits.

Dirigée d’une main de fer par le président Issaias Afeworki depuis son indépendance de l’Éthiopie en 1993, l’Érythrée, qui compte environ 3,5 millions d’habitants, figure parmi les derniers au classement mondial en matière de liberté de la presse (180e sur 180 en 2025, selon Reporters sans frontières) et de développement humain (175e sur 183 en 2022, selon l’ONU).

L’ONU avait instauré un embargo sur les armes à destination de l’Érythrée en 2009, en raison de soupçons de soutien à des groupes jihadistes en Somalie. Depuis la levée de cette sanction, le pays « renforce ses capacités militaires, améliore ses systèmes de défense et continue d’alimenter l’instabilité dans la région, notamment en Éthiopie », alerte The Sentry dans un rapport publié lundi soir.

Le rapport revient également sur les exactions commises pendant la guerre du Tigré, entre 2020 et 2022, conflit ayant opposé les forces fédérales éthiopiennes et les rebelles tigréens, avec l’appui décisif de l’armée érythréenne. Selon l’Union africaine, ce conflit aurait fait environ 600 000 morts.

« Si toutes les parties au conflit ont commis des crimes de guerre, l’ampleur et la planification des atrocités attribuées à l’armée érythréenne sont sans précédent », affirme The Sentry. L’ONG dénonce notamment des massacres, des violences sexuelles à grande échelle et des pillages systématiques.

Malgré la signature d’un accord de paix, des troupes érythréennes sont toujours présentes au Tigré. Le rapport indique que des responsables militaires érythréens continuent d’alimenter l’instabilité locale à travers des activités telles que la traite d’êtres humains, des enlèvements et l’exploitation illégale de ressources aurifères.

En 2018, l’Ethiopie avait soutenu la levée des sanctions internationales contre l’Érythrée. Toutefois, les relations entre les deux pays se sont à nouveau dégradées après la fin de la guerre du Tigré, faisant craindre un regain de tensions comme celui qui avait dégénéré en guerre frontalière entre 1998 et 2000.

Face à ce climat tendu, The Sentry appelle les institutions internationales à prendre position et à « envoyer un message clair » aux gouvernements érythréen et éthiopien : toute reprise du conflit entraînera une réponse internationale et des sanctions ciblées.