Sierra Leone : Les îles menacées d’engloutissement par la montée des eaux

En cinq ans, l’île de Nyangai a perdu les deux tiers de sa surface, grignotée par la montée des eaux liée au réchauffement climatique.

Autrefois peuplée de 1 000 personnes, elle n’en abrite plus que 300, entassées sur les dernières parcelles habitables. Palmiers arrachés, maisons emportées, accès à l’eau potable compromis : les habitants sont devenus malgré eux les premiers déplacés climatiques du pays.

Une étude conjointe menée en 2024 par l’Agence nationale de gestion des catastrophes (NDMA) et l’Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) révèle que plus de deux millions de Sierra-Léonais vivant sur le littoral sont menacés. La Sierra Leone, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, est l’un des plus exposés au changement climatique, qui aggrave aussi l’insécurité alimentaire, les maladies et la promiscuité.

A quelques heures de pirogue de là, sur l’île de Plantain, la situation est tout aussi dramatique. Une école a été partiellement emportée par la mer en 2023. Le minaret d’une ancienne mosquée submergée émerge à peine. Les habitants, sans moyens, se replient à l’intérieur de l’île, dans des zones aussi menacées.

Face à l’ampleur du désastre, les autorités reconnaissent l’urgence, mais manquent de moyens pour organiser des relocalisations. « Ce qui se passe ici dépasse l’urgence », admet le ministre de l’Environnement Jiwoh Abdulai.

Au-delà des pertes matérielles, c’est tout un mode de vie qui disparaît : la culture de la pêche, la transmission intergénérationnelle, les traditions. « Le changement climatique emporte aussi l’histoire », avertit Joseph Rahall, expert environnemental local.

Pour beaucoup, la détresse est doublée d’un sentiment d’abandon. « On a besoin d’aide », répètent les habitants. Mais en attendant, la mer avance, et chaque vague emporte un peu plus de leur monde.