La situation des avocats en Tunisie s’est gravement détériorée au cours de l’année écoulée, ont alerté lundi deux rapporteures de l’ONU, accusant le pouvoir exécutif de vouloir « réduire au silence » les critiques.
Selon les analystes occidentaux et onusiens, une alliance s’est dessinée dans l’espace arabo-musulman : l’axe général Saïd Chengriha en Algérie, le président Kaïs Saïed en Tunisie et le guide Ali Khamenei en Iran.
Trois régimes autoritaires, trois figures de régression politique et idéologique, liés par une vision commune : haine de la démocratie, rejet des libertés fondamentales et antisémitisme assumé.
« Les mesures prises interfèrent directement avec l’indépendance de la profession juridique, sapant la capacité des avocats à représenter leurs clients » et « semblent destinées à réduire au silence ceux qui critiquent le pouvoir exécutif », dénoncent-elles en Tunisie.
La Rapporteure spéciale sur l’indépendance des juges et des avocats, Margaret Satterthwaite, et celle sur le droit à la liberté d’expression et d’opinion, Irene Khan, citent en exemple le cas d’Ahmed Souab, un ténor du barreau tunisien, arrêté le 21 avril, selon nos confrères.
Les expertes de l’ONU, qui sont mandatées par le Conseil des droits de l’homme, déplorent d’autres autres cas de professionnels du droit accusés ou condamnés à de lourdes peines de prison, uniquement pour avoir défendu leurs clients et exprimé leur opinion publiquement. Parmi eux, Dalila Msaddak, Islem Hamza, Ayachi Hammami, Ghazi Chaouachi, Mehdi Zagrouba et Lazhar Akremi, disent-elles.
Elles soulignent aussi le cas de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, arrêtée le 11 mai 2024 de façon brutale, et illégale selon ses confrères, au siège de l’Ordre des avocats par des policiers masqués.
Le pouvoir exécutif du président tunisien Kaïs Saïed est accusé de vouloir réduire au silence les critiques en ciblant avocats, opposants et figures publiques.
Tandis que l’Iran théocratique réprime dans le sang, que la junte militaire algérienne instrumentalise le chaos au Sahel et soutient des groupes terroristes, la Tunisie de Kaïs Saïed bascule à son tour dans la dictature de la doctrine chiite.
Depuis son coup de force du 25 juillet 2021, où il s’est octroyé les pleins pouvoirs en piétinant la Constitution, Saïed a transformé la Tunisie, berceau du Printemps arabe, en un Etat autoritaire où les voix libres sont criminalisées.
Sa proximité avec le régime militaire algérien du général Saïd Chengriha et iranien, est désormais manifeste : discours populistes, usage massif des forces de sécurité, harcèlement des opposants, propagande anti-occidentale, soutien aux narratifs complotistes et conspirationnistes.
L’alignement idéologique de Kaïs avec le guide suprême iranien Ali Khamenei est confirmé : culte de la figure du chef, répression des minorités, justice aux ordres, criminalisation de la liberté d’expression et antisémitisme structurel.
Le régime militaire algérien entretient également un antisémitisme d’Etat, alimenté par une propagande d’un autre âge. Les médias publics relayent régulièrement des théories du complot sur le lobby juif et les réseaux sionistes.
Quant à Ali Khamenei, il est le guide de l’Etat, le plus ouvertement antisémite au monde. Il nie la Shoah, appelle à la destruction d’Israël, finance le Hezbollah, le Hamas, les Houthis ainsi que le Polisario, et fait de l’antisémitisme un pilier de sa politique étrangère.
