Alors que la présidentielle d’octobre approche, les tensions montent en Côte d’Ivoire. Plusieurs opposants ont été arrêtés ces dernières semaines, ravivant les accusations d’une justice instrumentalisée par le pouvoir.
Parmi les cas les plus médiatisés, celui de Joël N’Guessan, ancien ministre et cadre du RHDP, le parti au pouvoir. Il a été arrêté en juin après avoir critiqué l’exclusion de figures de l’opposition comme Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo. Il accusait la justice d’être responsable de possibles troubles à venir. Inculpé pour « discrédit sur des décisions de justice », il a été libéré après trois semaines de détention, après s’être excusé.
D’autres opposants, notamment du PDCI, principal parti rival, n’ont pas connu la même clémence. Depuis juin, au moins cinq responsables de sa jeunesse ont été arrêtés pour « troubles à l’ordre public ». Au PPA-CI de Laurent Gbagbo, le sociologue Gala Kolebi a écopé de 18 mois de prison pour « diffusion de fausses nouvelles ». Charles Rodel Dosso, cadre du parti, est détenu depuis octobre pour avoir co-organisé une manifestation contre la vie chère.
L’ONG Freedom House dénonce une justice qui « soutient la politique du président Ouattara », au pouvoir depuis 2011 et toujours silencieux sur sa candidature à un éventuel quatrième mandat.
Le PDCI accuse les autorités de méthodes extrajudiciaires, affirmant que certains militants auraient été « enlevés » sans convocation officielle. La militante Pulchérie Gbalet, elle-même emprisonnée par le passé, dénonce des arrestations arbitraires.
Amnesty International critique une loi de 2019 qui pénalise les critiques publiques de la justice, utilisée notamment contre Joël N’Guessan.Le RHDP nie toute ingérence, assurant que la justice reste indépendante.
Mais pour l’opposition, ces arrestations visent à étouffer le débat démocratique. « Les conditions d’une nouvelle crise sont réunies », alerte Pulchérie Gbalet.
