Les Togolais se sont rendus aux urnes jeudi dans un climat globalement apaisé pour élire leurs conseillers municipaux, un scrutin scruté de près après une série de manifestations inédites et meurtrières qui ont secoué le pays depuis début juin.
Dans les rues de Lomé, la capitale, le calme prévalait, en dépit des appels à manifester lancés par des figures du Mouvement du 6 juin (M66), un collectif composé de blogueurs, artistes et militants. Le groupe conteste la récente réforme constitutionnelle, accusée de renforcer les pouvoirs du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005.
Comme lors de chaque scrutin, les autorités avaient fermé les frontières terrestres et déclaré la journée fériée. Les forces de l’ordre étaient visiblement présentes dans les grands carrefours de la capitale, mais aucun incident majeur n’avait été signalé à la mi-journée.
Il s’agit du troisième scrutin municipal de l’histoire du pays. Les électeurs sont appelés à élire 1.527 conseillers municipaux parmi 500 listes en compétition, issues de différents partis politiques. Ces conseillers désigneront ensuite les maires des 117 communes du Togo. La Commission électorale nationale indépendante (Céni) n’a pas encore communiqué la date de publication des résultats.
Ce scrutin intervient dans un contexte politique tendu. En juin, plusieurs manifestations de jeunes ont éclaté à Lomé pour dénoncer l’adoption de la nouvelle Constitution, les coupures d’électricité et l’arrestation de voix critiques.
La société civile a fait état de sept morts, dont certains corps repêchés dans des cours d’eau de la capitale. Le parquet évoque pour sa part cinq noyades et a annoncé l’ouverture d’une enquête « contre X ».
Malgré ce climat, plusieurs partis d’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), ont décidé de participer au scrutin. Ils avaient boycotté les élections sénatoriales de février dernier, pour protester contre la réforme constitutionnelle qu’ils jugent antidémocratique.
