Pour la troisième journée consécutive, Khartoum, la capitale soudanaise, a été visée par des drones, notamment sur son aéroport, ciblé depuis mardi par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l’armée régulière depuis avril 2023. Les attaques ont continué jeudi, accentuant l’instabilité dans une ville déjà dévastée par près de trois ans de conflit.
Un témoin situé au sud d’Omdourman a rapporté avoir entendu deux drones passer tôt le matin, suivis de tirs de défense aérienne près d’une brigade militaire. Un autre résident du sud de Khartoum a confirmé avoir vu les drones se diriger vers l’aéroport, avec des explosions peu après. L’aéroport, en cours de réouverture après deux ans de fermeture, a été à nouveau fermé, sa réouverture prévue initialement mercredi étant suspendue « jusqu’à nouvel ordre », selon un responsable aéroportuaire.
Les FSR, accusées d’être responsables de ces attaques, ont intensifié leur siège sur la ville d’El-Facher dans le Darfour, où 260 000 civils sont privés de nourriture, d’eau et de soins, selon l’ONU. La prise d’El-Facher permettrait aux paramilitaires de contrôler l’ensemble du Darfour et une grande partie du sud du Soudan, tandis que l’armée régulière contrôle le centre et le nord.
Face à cette situation, quatre agences de l’ONU (OIM, HCR, UNICEF, PAM) ont lancé un appel à l’aide internationale, dénonçant une « crise humanitaire catastrophique ». Dans un communiqué conjoint, elles ont souligné les conséquences dramatiques des combats sur la population, particulièrement les femmes et les enfants, avec des millions de personnes poussées à la survie dans des conditions extrêmes, notamment au Kordofan et au Darfour.
Malgré les efforts pour rétablir les services essentiels et encourager le retour des déplacés, la capitale reste largement dévastée, et les tentatives de cessez-le-feu échouent. Depuis le début du conflit, près de 12 millions de personnes ont été déplacées, et des dizaines de milliers ont perdu la vie, selon l’ONU, qui qualifie cette guerre de « pire crise humanitaire au monde ».
