Le procès de l’ancien président tchadien est entré lundi, dans sa phase d’audition des victimes directes constituées en parties civiles.
Garba Akhaye et Ahmat Maki Outman qui ont fait de la prison sous le régime Habré, ont été auditionnés par les juges de la Chambre d’assises des CAE (Chambres Africaines Extraordinaires), chargée de juger l’ancien président tchadien, Hissène Habré. Tous deux ont décrit devant la Cour, les conditions de leur détention et les traitements « inhumains » dont ils ont été victimes.
Garba Akhaye a été arrêté le 11 juin 1986 à minuit dans son village par trois agents de la DDS (Direction de la Documentation et de la Sécurité) pour le présumé vol de bétail d’un commerçant réfugié au Cameroun. Il a été battu, a reçu des décharges électriques sur la tête et les orteils jusqu’à évanouissement. Dans la prison dite des « Locaux », il a rempli les rôles de cuisinier et de fossoyeur. Il a affirmé qu’il sortait 2 à 3 cadavres par jour sauf les vendredis. Il a été libéré après 2 ans et 5 mois d’incarcération, à la faveur du référendum de 1989.
Ahmat Maki Outman, pour sa part, a été arrêté alors qu’il avait 19 ans. Sa détention a duré 11 jours et s’inscrivait dans le cadre d’une histoire de règlement de comptes suite à des divergences entre un des dignitaires de son ethnie, les Hadjaraye, et des autorités du régime en place d’alors.
La machine répressive de l’Etat s’est alors mise en marche contre tout individu entretenant des rapports supposés ou avérés avec le remis en cause. Son arrestation serait ainsi liée uniquement à son appartenance ethnique. Il aurait été battu et torturé lors des séances d’interrogatoire par des éléments de la DDS.