Coopération Europe – Maghreb – Afrique de l’Ouest: dégivrer la vision

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Au moment où les pays du Maghreb et de l’ouest africain font face à des menaces d’insécurité et d’instabilité et s’acharnent dans la bataille du développement, où leurs gouvernants sont totalement submergés par des problèmes complexes,

apparaissent de graves  blocages qui trouvent leurs origines dans la géographie, le climat et la politique.
Il s’agit d’abord d’un problème vital né de la sécheresse et la hausse du prix du pétrole entraînant celle des denrées de première nécessité et qui déclenche des mécontentements populaires. Les réserves mondiales des céréales atteindront cette année leur plus bas niveau historique, et le spectre de la baisse de la production alimentaire continuera à hanter cette région du continent tant qu’on ne sera pas parvenu à arrêter la dégradation des terres, augmenter leurs productivités à l’aide d’engrais et recycler l’eau pour l’irrigation.
Aujourd’hui, il est possible grâce à la technologie, de récupérer lentement mais sûrement les millions d’hectares dégradés pour y cultiver des céréales. Ensemble, l’Europe, le Maghreb et les pays de l’Afrique de l’ouest, disposent d’immenses atouts pour bâtir une alliance mettant en commun la science, la technologie, le savoir faire, les capacités financières de l’Europe, le potentiel humain et les ressources naturelles de la région. Du coup les problèmes aigus comme la pauvreté et le chômage, produits d’une économie non encore développée disparaîtront.
Les besoins des populations de ces régions ne peuvent plus se satisfaire de l’action des organisations humanitaires, de bonne ou de mauvaise foie, et qui se multiplient à travers toute l’Afrique de l’ouest où les populations s’entre-tuent pour survivre. La région a été considéré pendant longtemps comme un champ d’expérience humanitaire, avec des objectifs parfois nobles ou bas, l’affaire de l’Arché de Zoé, cette histoire d’enfants orphelins que personne ne comprend en est la preuve.
De la situation économique et sociale des pays du Maghreb et de leurs voisins de l’ouest africain est né le fléau de l’immigration clandestine, principalement africaine et maghrébine, elle a aussi une propriété qui aggrave son cas, elle est massivement musulmane. Au Maghreb et en Afrique de l’ouest il n’y a pas que cette minorité de musulmans qui refuse de confronter les points de vues, de croiser les divergences et d’éclairer sur les différences d’opinions, il s’agit comme l’a déclaré le Président Sarkozy à la mosquée de paris le 01 octobre 2007 d’un islam qui vécu au quotidien prouve qu’il est compatible avec les valeurs de la laïcité, de la tolérance et du respect des personnes, valeurs que partagent la société européenne.
Le vieillissement, la vitalité tel est le processus vécu sur le dernier quart du siècle par l’immigration maghrébine et africaine. Beaucoup d’anciens pionniers de l’immigration dressent le bilan avec dépit en ces termes, « le bien être et le progrès de l’Europe ont été battu avec la sueur des immigrés ». L’immigration a été utilisé comme un fond de commerce plus qu’elle n’a servit la coopération entre l’Europe et son sud, aujourd’hui pour aider ses amis à combattre le fléau du chômage l’Europe doit réfléchir sur une politique d’immigration sélective, sans distinction d’origine de race ou de religion, ce n’est pas la générosité qui fait défaut, c’est l’ambition et le talent. Les événements dramatique de Ceuta et Melilla en septembre – octobre 2005, suivis des émeutes des banlieux par des sans papiers, le sort tragique que subissent par vague les candidats à l’immigration, proie du ventre de la mer ou des griffes des réseaux mafieux, sont de la part de « ses damnés de la terre » autant de cris et de gestes de désespoir pour rappeler que si le monde est devenu dangereux, se sont eux qui sont en péril. Il ne reste qu’à espérer que le début du troisième millénaire, soit celui des valeurs : valeurs dans une société juste pour une société intraitable avec ceux qui ne respectent ni la loi ni les personnes.
Mais les problèmes que vivent les pays de l’Afrique de l’ouest sont aussi d’origines historique et politique, il s’agit de la balkalisation, lègue de la colonisation, la région a été divisé en multiples petits états ethniquement incompatibles et dont aucun n’a pu se développer tout seul car toute croissance se heurterait rapidement à l’étroitesse des espaces économiquement non viables. Choix délibéré du colonialisme, la balkalisation a été reprise et défendu par un instinct de domination pour le simple motif de prestige personnel, d’hégémonisme et l’étroitesse des vues.
Il est urgent que les pays du Maghreb et de l’Afrique de l’ouest, unis dans un ensemble régional dans le cadre d’un partenariat avec l’Europe, puissent connaître un développement durable et une sécurité maîtrisable, tout cela sans oublier le respect des droits de l’homme et la démocratie, car les violations des droits de l’homme ne peuvent être justifiées par aucun discours politique et c’est même une rupture du discours. Elles posent un défit à la démocratie et poussent le corps social à la fuite ou la subversion.
Les meilleurs analystes pensent que le monde de demain sera dominé par de grands ensembles Etats-Unis – Brésil et Chine – Inde qui excluent l’Europe avec l’Afrique, l’Europe pourrait faire mentir cette prévision, de leurs côtés isolés hors de l’intégration continentale, les pays africains n’auront aucune chance. Ensemble l’Europe et l’Afrique, en particulier le Maghreb et l’Afrique de l’ouest, en raison de la proximité et qui doivent au préalable dégivrer leur vision et profiter de leurs immenses atouts pour bâtir une alliance stratégique dans le cadre d’une étroite coordination sécuritaire et des accords d’échanges commerciaux plus équitables.