Depuis quelques jours, l’on assiste à un ballet médiatique intense entre les actionnaires de l’hebdomadaire marocain « Le Journal Hebdomadaire » et les pouvoirs publics marocains, suite à l’implémentation de la procédure de recouvrement des créances dues à la caisse de solidarité et d’assurance maladie marocaine « CNSS ».
Depuis quelques jours, l’on assiste à un ballet médiatique intense entre les actionnaires de l’hebdomadaire marocain « Le Journal Hebdomadaire » et les pouvoirs publics marocains, suite à l’implémentation de la procédure de recouvrement des créances dues à la caisse de solidarité et d’assurance maladie marocaine « CNSS ».
Cette procédure a consisté en la mise sous scellés puis à la saisie des actifs de la société « Media Trust »pour tenter de récupérer près de 400 000€, portant sur les créances dues à l’état entre 1997 et 2003. Tout ceci serait banal si ce n’était l’identité très particulière des animateurs du « Journal Hebdomadaire », avec à leur tête le journaliste Aboubakr Jamaï et le financier Fadel Iraqi. Il semblerait que le désamour avec le pouvoir date du début des années 2000, où « Le Journal Hebdomadaire » sort plusieurs numéros qui indisposeront le gouvernement d’alternance conduit par le socialiste Abderrahmane Youssoufi, ainsi qu’un dossier à charge contre le ministre des affaires étrangères de l’époque, Mohamed Ben-Aïssa, qui gagnera un procès en diffamation intenté au magazine. Or, les relations entre le pouvoir et « Le Journal Hebdomadaire » n’ont pas toujours été médiocres, et il fut un temps ou Aboubakr Jamaï fréquentait le premier cercle des collaborateurs du roi du Maroc. Cette proximité lui aurait même valu d’avoir des …ambitions ministérielles. L’on n’était alors pas à un paradoxe près puisque Jamaï a failli mener une carrière dans la finance, faisant partie des fondateurs de la société « Upline Securities », aux côtés d’un certain …Anas El Alami, actuel patron de la caisse de Dépôt et de Gestion (CDG). Depuis 2006, et la condamnation pour diffamation du Journal Hebdomadaire en faveur du Think-Tank européen ESISC, l’on assiste à un changement total du champ sémantique utilisé par les soutiens du Journal Hebdomadaire, qui veulent désormais se positionner à l’extrême gauche de l’échiquier politique marocain, afin de tenter de créer un nouveau noyau contestataire. Paradoxalement, le pouvoir Marocain a préféré fermer les yeux et ne pas insister sur les émoluments qu’aurait perçus Jamaï durant son exil américain à partir de 2007. En effet, il est permis de penser que Rabat a voulu donner une chance à Jamaï en ne rappelant pas que pendant que les employés du Journal Hebdomadaire se battaient pour recouvrer leurs prestations sociales, Aboubakr Jamaï étudiait à Harvard. Or, selon cette prestigieuse université, le coût du master poursuivi par Jamaï durant son escale américaine serait de près de 150 000 $ tous frais compris. Une somme qui dépasse son contrat d’alors avec l’université de San Diego. De surcroit, l’attitude adoptée par Jamaï depuis quelques semaines semble en contradiction totale avec une interview donnée à l’hebdomadaire « Tel Quel », dans laquelle il affirmait qu’il n’envisageait pas de retourner gérer son hebdomadaire : « Votre retour au Journal Hebdomadaire est-il envisageable ? Non, je ne pense pas. Cette page est pour moi définitivement tournée. J’ai d’ailleurs revendu toutes mes parts à Fadel Iraki (l’actionnaire principal, ndlr). »…En réalité, il semblerait que c’est une nouvelle partie de poker menteur qui est en train de se mettre en place entre les actionnaires du Journal Hebdo et l’état marocain, Jamaï et Iraki ayant théorisé le crime « d’asphyxie économique », qui les aurait, selon eux, obligés à ne pas payer les cotisations sociales de leurs employés par manque d’annonceurs prêts à acheter des pages de publicité. Or, ces annonceurs faisant eux même très régulièrement l’objet des foudres de la rédaction du magazine, il semblerait que leur désaffection soit plus due à leur mécontentement qu’à d’hypothétiques instructions. Après des années passées à fustiger le manque d’éthique de certains dirigeants marocains, appelant à une « re-moralisation » de la vie publique, il semble que « Le Journal Hebdomadaire » soit pris à son propre piège. La fin d’une époque….