La franchise maghrébine d’Al Qaïda se manifeste de nouveau, mais cette fois-ci en territoire tunisien. Deux éléments armés d’Al Qaïda au Maghreb Islamique
(Aqmi), ont été interceptés ce week-end, au sud de la Tunisie alors qu’ils venaient de l’Algérie et se rendaient en Libye. Ils étaient chargés par l’un des lieutenants de Abdelmalek Droukdal, émir d’Aqmi, l’ancien Groupe salafiste algérien pour la prédication et le combat (GSPC), d’aller s’emparer d’armes lourdes en Libye et de les faire convoyer par des mercenaires jusqu’au nord du Mali à travers le désert libyen et algérien. Il s’agit d’un Algérien (31 ans) et d’un Libyen (32 ans) qui circulaient avec de faux passeports afghans, respectivement sous l’identité d’Abou Muslim et d’Abou Batine. L’armée et les services de renseignement tunisiens s’étaient mis sur leurs traces grâce à l’arrestation quatre jours auparavant au sud du pays, de deux autres Libyens armés de grenade. Ils venaient eu aussi d’Algérie et se rendaient dans leur pays, pour une mission similaire.
Au moment de leur arrestation à Nekrif, dans la région de Tataouine, le Libyen Batine a tenté de lancer sur l’un des gardes frontières tunisiens, une grenade qui n’a pas explosé. Il a été blessé et hospitalisé. Son compagnon algérien Muslim a été neutralisé alors qu’il portait une ceinture explosive qu’il n’a pas pu non plus, actionner.
Leur interrogatoire a conduit à la découverte d’une cache d’armes dans les montagnes de Béni Kedech à Médenine (sud). Des kalachnikovs, une bombe artisanale et des munitions étaient dissimulées dans une grotte. Les deux hommes avaient aussi un GPS, deux téléphones portables et un faux passeport libyen ainsi que de l’argent liquide. Les armes et l’argent devaient faciliter aux deux hommes leurs transactions une fois sur le sol libyen.
Même si Aqmi a réussi à remplir à flot ses caisses à coup de fortes rançons soutirées de l’enlèvement des otages occidentaux dans le Sahel, elle se sent ces derniers temps, très marginalisée par le Printemps arabe. Pour frapper fort et occuper le devant de la scène, Aqmi a besoin d’armes lourdes et sophistiquées. Et c’est en Libye que ses hommes vont les récupérer et profitant de la confusion créée par les révoltes populaires en Afrique du nord. Avec cet argent et ces armes, Aqmi mieux se repositionner dans la région et étendre son influence aux pays du Maghreb. Dans tous les cas l’argent et les armes ce la combine qui réussit le mieux pour les terroristes.