Alors que les médias français ont annoncé que le géant français du nucléaire pourrait être partiellement privatisé en 2012, cette annonce a sonné comme un coup de tonnerre au sein d plusieurs présidences africaines, qui craignent que les accords « spéciaux et confidentiels » passés avec Areva ne soient mis en danger par l’ouverture au public du capital de l’opérateur. En effet, areva est un gros contributeur aux budgets nationaux de pays tels que le Mali, le Niger ou le Tchad, mais entretient également des relations privilégiées avec les cercles de pouvoirs, qui ont construit plusieurs business juteux dans la sécurité et l’entretien des sites, qu’ils craignent de voir disparaître avec l’introduction de normes plus drastiques qui accompagnerait la privatisation. En effet, jusque là, AREVA ne rendait des comptes qu’à l’Etat, et plus précisément au sommet de l’Etat étant donné son importance stratégique.
Avec l’arrivée d’actionnaires privés, ces derniers seront probablement tentés de regarder au plus près les contrats de l’entreprise avec ses partenaires, afin d’y rechercher du potentiel d’amélioration des comptes. Une première étape cruciale pour l’ouverture du capital vient d’être bouclée début mai 2011, avec une offre publique d’échange simplifiée des certificats d’investissement contre des actions, ce qui a permis d’obtenir 74 % des certificats d’investissement visés. Malgré les fortes rumeurs faisant état d’une probable filialisation de l’activité minière, il semblerait que la décision n’aie pas encore été prise, et que la très influente Anne Lauvergeon, connue pour son caractère très protecteur de ses prérogatives, soit opposée farouchement à cette filialisation. Donnée partante à de multiple reprises, la « dame de fer » d’areva, ancienne sherpa de François Miterrand, serait également réservée sur cette opération de privatisation, malgré els besoins en financement très importants de l’entreprise. Elle aurait récemment activé ses réseaux africains et demandé aux chefs d’état dont elle est proche de dire tout le mal qu’ils pensent de l’opération à Nicolas Sarkozy. Gage de la justesse de son analyse ? la première journée de cotation d’areva-conséquente aux remplacements des certificats d’investissement par des actions – s’est terminée sur un constat plutôt moyen, alors même que le monde post-nucléaire se dessine après l’accident japonais, avec l’annonce par les allemands d’abandonner le nucléaire à l’horizon 2022. Cette situation a fait dire cette boutade à un fin connaisseur du lobby français de l’atome : « s’il ya une catastrophe nucléaire en France, ne survivront que les cafards et…Anne Lauvergeon ».