Quelques jours après la « neutralisation » d’Oussama Ben Laden, de nombreuses inconnues subsistent sur l’état réel des relations entre le Pakistan et les Etats-Unis, bien qu’un certain nombre d’élément permettent de penser qu’il y aurait de l’ « eau dans le gaz » entre les deux alliés historiques. A court terme, il n’est pas exclu que les américains, très « surpris » que le leader d’Al Qaïda aie pu vivre pendant aussi longtemps- six ans- à un jet de pierre d’une académie militaire pakistanaise, ne décident de revoir à la baisse leurs engagements financiers à l’égard du Pakistan, gros consommateur d’aide militaire et logistique.
Il faut dire que le Pakistan est sous « perfusion » sécuritaire US depuis le déclenchement de la 1ère guerre d’Afghanistan, les américains l’ayant utilisé comme base arrière logistique et technique de leur bataille face à l’URSS. Dès que les dollars ont commencé à affluer sur Islamabad, des perversions du système de financement des « Moudjahidines » ont vu le jour, certains analystes militaires estimant même que pour « chaque dollar envoyé par les américains, seuls 0,2 soit 20%, arrivaient à leurs destinataires finaux, ceux qui combattaient les russes ». L’on peut donc parler de « mauvaises habitudes » qui auraient été prises notamment par les services pakistanais, dont une certaine frange –active ou à la retraie- est aujourd’hui fortement soupçonnée d’avoir couvert la retraite d’Oussama Ben Laden. D’un point de vue diplomatique, cette tension entre les deux pays risque d’impacter de manière conséquente la doctrine américaine en matière de lutte antiterrorisme, l’oncle Sam décidant qu’il est désormais plus efficace d’agir directement, plutôt que par le biais de pays « amis ». Ceci pose, bien entendu, le problème de la souveraineté de certaines nations exposées au risque terroriste, qui ne voient pas d’un très bon œil une implication directe des services américains sur leurs territoires. Le différend américano-pakistanais risque donc de déboucher sur un changement majeur d’approche dans la lutte anti-terroriste, particulièrement au Sahel, où les USA pourraient juger qu’ils ont épuisé la logique de coopération avec les états de la région, et qu’il est désormais temps de prendre « les choses en main » et d’agir directement sur zone afin de tenter d’éliminer les chefs d’AQMI. Verra-ton donc dans un futur proche des commandos du type de celui qui a éliminé Ben Laden aller à la recherche d’Abdelhamid Abou Zeïd ou de Mokhtar Belmokhtar ? L’avenir nous le dira assez vite…