Après l’interdiction de fumer, c’est au tour de la flagellation en public de faire son apparition dans le nord Mali. Dans les villes passées en mars sous le contrôle des séparatistes touaregs et des islamistes d’Ansar Dine,
des reporters font état de scènes de coups de fouet contre des personnes accusées d’adultère. A Kidal, Tombouctou et Gao, les habitants font progressivement l’apprentissage de la charia.
En dépit de l’opposition des oulémas et des citoyens maliens habitués à un islam clément, les chefs du MNLA et d’Ansar Dine essayent d’imposer des règles très strictes dans la cité antique de Tombouctou qu’ils contrôlent. La situation n’est pas meilleure dans la région de Gao et à Kidal. Les habitants ne font pas de différence entre le MNLA, Ansar Dine ou le Mujao, le Mouvement de l’unicité et du Jihad en Afrique de l’Ouest, dissident d’Aqmi. Pour eux, la présence de tous ces groupes lourdement armés est synonyme d’une situation précaire, dans l’attente d’un dénouement qui tarde à venir. Les habitants du nord Mali ne peuvent même pas compter sur les dissensions internes entre le MNLA d’une part, Ansar Dine et les jihadistes islamistes d’autre part. Si les premiers revendiquent l’indépendance de l’Azawad, les seconds nourrissent le rêve d’imposer la charia sur tout le territoire malien. Mais ensemble, ils maintiennent un semblant d’unité pour affronter l’ennemi commun qui prépare la riposte de l’autre côté. En face, la réaction tarde pourtant à se mettre en place, à cause notamment des divergences entre les Etats membres de la CEDEAO sur l’opportunité de lancer rapidement une attaque ou de privilégier la voie du dialogue. La situation n’est pas non plus claire à Bamako, où l’absence d’interlocuteurs politiques légitimes dissuade la communauté internationale d’organiser promptement une réponse militaire.
Et sur le terrain, ce sont les populations locales qui paient le prix de l’attentisme, alors que les groupes terroristes font peser sur toute la région Sahélo-saharienne la menace d’une somalisation rampante.