Après des mois de crise, le Présidents français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune ont gravé dans le marbre samedi la relance des liens bilatéraux, qui doit maintenant s’accompagner de gestes concrets.
Les deux chefs d’Etat ont signé en grande pompe une déclaration commune juste avant qu’Emmanuel Macron ne reparte pour Paris.
La brouille diplomatique autour de la mémoire de la guerre d’Algérie, fait place à une volonté affichée de coopération renforcée dans tous les domaines.
Pour autant, les enjeux restent énormes, avec en toile de fond un lourd passif colonial toujours pas épuré, une insécurité croissante dans la région, et l’ombre de la Russie, proche alliée de l’Algérie, de plus en plus influente en Afrique.
« La visite a permis de mettre de l’huile dans les rouages. Ca a permis de consolider, voire de recréer, des liens entre nous », résume pour l’AFP Karim Amellal, Délégué interministériel à la Méditerranée.
Les Occidentaux ambitionnent aussi de faire sortir l’Algérie du giron de la Russie, son premier fournisseur d’armes et un acteur de poids dans la région.
L’Algérie et la Russie ont officiellement confirmé que les exercices militaires Desert Shield 2022 auront lieu en Algérie, le mois de novembre. Le ministère russe de la Défense avait publié une déclaration donnant des détails sur les exercices militaires, qui ont été annoncés peu après le début de la guerre en Ukraine.
« Pour le moment, la France a plus besoin de l’Algérie que l’Algérie de la France, et elle n’a pas beaucoup à lui offrir », fait toutefois observer Geoff Porter du groupe d’experts North Africa Risk Consulting.
« La Russie donne en revanche à l’Algérie à peu près tout ce qu’elle demande », poursuit-il.
Sur un autre sujet qui dérange, la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, une commission d’historiens algériens et français va examiner « sans tabou » les archives des deux pays.
« Le vrai enjeu, c’est l’ouverture des archives algériennes et la liberté pour les historiens algériens de travailler », renchérit Pierre Vermeren.
La commission devra travailler sur la « brutalité » de la colonisation française mais aussi sur des questions délicates pour Alger comme celle des disparus européens à la fin de la guerre d’Algérie.