Ne pas intervenir au Mali pourrait menacer la paix et la sécurité en Europe. Un argument qui a été abondamment utilisé par les responsables africains et européens partisans de l’usage de la force pour résoudre la crise au Mali.
Le premier de ces responsables à défendre une telle position est le président nigérien Mahamadou Issoufou. Le Niger a de longues frontières avec le Mali et il a été, dès les premiers mois de la crise, favorable à une intervention militaire étrangère. Alors qu’il doit rencontrer ce mardi le président français Hollande, le président nigérien n’a pas hésité à laisser planer, dans une interview au journal français Le Figaro, l’ombre du « Printemps arabe » sur l’Europe si la crise au Mali venait à perdurer. Le ton est quasiment le même du côté du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui juge réel le risque de voir se constituer un sanctuaire terroriste dans la région, si rien n’est fait pour l’empêcher. L’avis français pèse évidemment dans cette crise, tout en gardant à l’esprit que la France, ancienne puissance coloniale dans la région, a de nombreux intérêts dans le Sahel. Une raison qui explique que Paris soit, comme le Niger, favorable depuis le début à une intervention militaire. L’option interventionniste se trouve amplement justifiée par le rapprochement entre les organisations terroristes du Pakistan et d’Afghanistan avec les groupes armés d’Afrique du Nord. L’insécurité dans le Sahel pourrait dans ce cas présenter des menaces sérieuses pour l’Europe.
En tout cas, l’intervention armée a dépassé le stade du simple vœu, le 11 novembre à Abuja. Ce jour là, les dirigeants de la CEDEAO et les représentants de quelques autres Etats africains influents, ont décidé l’envoi au Mali d’une force de 3300 soldats pour déloger les groupes islamistes alliés d’Al Qaïda. Les préparatifs vont bon train et il ne reste plus que la validation du Conseil de sécurité de l’ONU à la fin du mois ou début décembre prochain.