Cinq membres d’une milice de chasseurs traditionnels dogons du centre du Mali ont été tués cette semaine selon leur association, elle-même accusée mercredi d’avoir tué dix Peuls et d’en avoir enlevé dix, a-t-on appris de sources locale.
Depuis l’apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé des « groupes d’autodéfense ».
Les tensions entre les deux communautés ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons.
L’association de chasseurs dogons « Dan Nan Ambassagou » « condamne très énergiquement l’attaque barbare et lâche dont (elle) a été victime ce lundi 29 avril 2019 dans les villages de Douna et de Niangassadiou, dans la commune de Diougani (centre). Cinq chasseurs ont trouvé la mort », selon un communiqué.
L’attaque est intervenue alors que « les chasseurs patriotes » escortaient un agent de santé chargé de la vaccination des enfants contre la rougeole et qui est indemne.
« Les assaillants », étaient composés « d’une centaine d’hommes armés à bord de soixante motos et tricycles », a indiqué « Dan Nan Ambassagou ».
Par ailleurs, quatre Peuls ont été tués mardi et dix enlevés par des chasseurs membres de « Dan Nan Ambassagou » « en plein centre-ville de Bankass » (centre), a déclaré mercredi à l’AFP Harouna Sankaré, maire d’Oenkoro, localité située près de Bankass.
L’information sur la mort des quatre Peuls a été confirmée par un responsable de la préfecture de Bankass selon lequel les assaillants étaient « habillés en tenue de chasseurs traditionnels ». Aucun lien n’a été fait mercredi entre les deux incidents.
Au lendemain de la tuerie d’Ogossagou, le gouvernement malien avait prononcé le 24 mars la dissolution de l’association « Dan Nan Ambassagou », qui selon lui « s’est écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales ».
Le groupe a démenti toute implication dans la tuerie mais son chef militaire, Youssouf Toloba, a rejeté cette dissolution et refusé de « déposer les armes ».
Depuis mars 2018, les « agressions intercommunautaires » dans la région de Mopti (centre) ont fait quelque 600 morts et des milliers de déplacés, avait indiqué le 26 mars le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH).